Je crois que je viens de connaitre en voyant ce film le sentiment que pas mal ont eu en visionnant Spiderman into the Spiderverse : Il y a un profond amour pour Peanuts et son univers qui transparait à travers ce film. (Pas étonnant de voir que les fils de Charles Schultz sont derrière le scénario.)
Moi même, j'ai mis beaucoup de temps à apprécier cet univers : enfant je trouvais les bds assez ennuyeuses, mais il faut dire que c'était un poil trop philosophique pour moi, et qu'on est dans de la bd où chaque strip n'est pas comique en soit, c'est plus son incursion dans une histoire générale qui rend le tout très drole. Petit à petit j'ai vraiment commencé à apprécier que ce soit en lisant le premier tome de l'intégrale de la série, en m'abonnant au compte twitter Peanuts on this day (qui retwitte la case parue jour pour jour il y a 50 ans) ou en matant le dessin animé désuet d'il y a 40 ans.
Et ça tombe bien, puisque les auteurs ont l'air d'être fan de tout ça : à la fois les bds, les personnages, les vieux films (et la B.O. de Vince Guaraldi) et remet tout ça, en incluant tout un tas de détails qui font fondre les amateurs comme moi (rien que Snoopy qui commence un récit par "It was a Dark and Stormy night" et je suis conquis.) Mais le tout est réactualisé de façon intelligente.
D'une part, on a une super technique d'animation. Celle-ci m'avait fait peur au début, mais au final, on a l'impression de voir des petits bonhommes de plastiques qui se déplacent dans une petite ville. Preuve que ça n'est pas parce qu'on complexifie l'animation que celle-ci ne peut pas en garder pour autant son côté simple. Sans parler des nombreux clins d'oeil à l'animation des épisodes fait pour la télé (notamment faire doubler les personnages par de vrais enfants et les parents par des bruits de trombones.)
Ensuite, le film se concentre globalement sur deux intrigues assez simple : L'une est la vie de Charlie Brown au cours d'une année complète où il va tenter de multiplier les efforts pour que "la petite fille rousse" s'intéresse à lui. A partir de ce canevas hyper simple on montre à la fois Charlie , ses différents efforts (s'intéresser à la danse, à la litterature, devenir le héros du collège, faire voler un cerf-volant etc...) ses camarades de classes et leur psychologies.
Le tout est fait intelligemment pour que ne jamais trahir le personnage, ne jamais être prévisible (malgré le fait que Charlie Brown va inévitablement échouer) ou se retrouver sur des écueils de scénarios enervant. Et surtout on se souvient que Charlie Brown ne se limite pas à un gamin timide, maladroit, geignard ou malchanceux que les gags de la bds semblent avoir trop souvent caricaturé. C'est surtout "quelqu'un de bien" qui va toujours tenter de faire ce qui est juste et gentil, tentant de dépasser malgré tous les coup du sort. En ça la morale de fin du film est super-mignonne et ne parait pas forcée.
L'autre est un récit que Snoopy écrit dans lequel il est un aviateur et doit sauver une jeune aviatrice en détresse du Baron Rouge Cela fait rapidement échos aux déboires parralèle de Charlie Brown, mais cela permet, en plus d'avoir une intrigue avec de l'action, de rendre hommage à la période des années 60 / 70 lorsque les personnages de Snoopy et de Woodstock étaient devenus des icônes marketings. Ce qui donne des passages muet à la comédie très slapstick, et le tout est assez réussi.
Bref, Peanuts est une parfaite adaptation d'un comic-strip qui pourtant s'est étalé durant 50 ans : c'est à la fois drôle, pertinant, rendant hommage au matériel d'origine tout en étant compréhensible pour le néophyte, et à la destination de tous. Et en plus, c'est super bien animé !
Est-ce que je le montrerais à des enfants ? : Oui. Alors, ils ne vont pas comprendre les références aussi bien que moi, mais je pense que ça les amusera.
Possibilité de remake : Non. Par contre, j'adorerais que certaines licences obtiennent ce genre de respect.
Le détail qui m'agace : La musique "actuelle" faite pour flatter le public enfant va salement vieillir. Ah et au niveau scénario, on était à "ça" du cliché du "menteur révélé" mais ils l'ont évités avec intelligence. Bravo !
Suis-je le seul ? A estimer que certaines trahisons sont pour le mieux : oui, on voit la "petite fille rousse" et c'est pas grave ça fonctionne.