Je pourrais essayer d’analyser ce film. Je pourrais répertorier ses différences avec l’œuvre originale. Je pourrais m’agacer de l’opportunisme commercial.
Mais je ne pourrais pas nier que j’ai regardé ce film avec un large sourire.
Pas des rires, juste cette banane qui déforme un visage, avec toutes ses nuances.
Le sourire nostalgique de celui qui retrouve ceux qui l’ont toujours accompagnés, de près ou de loin. Comme beaucoup, Snoopy a toujours fait partie de mon paysage.
Le sourire enthousiaste de retrouver les névroses et les maladrese de Charlie Brown, la douce folie de Snoopy, l'espièglerie de Lucy, la légèreté de l'oiseau Woodstock, Schroeder et son piano…
Un sourire soulagé de voir l’œuvre de Charles M. Schulz respectée. Peut-être parce que l’idée d’un long-métrage est née du fils de Charles, Craig Schulz. Celui-ci travailla un scénario accompagné de son propre fils, Bryan Schulz, et choisit lui-même Steve Martino comme réalisateur et le studio Blue Sky comme maison d’animation.
Un sourire émerveillé devant l’ingéniosité graphique du film. L’équipe a réussi à reprendre la ligne si caractéristique des Peanuts (frêle, tremblante, aérienne) pour lui offrir légèreté et dynamisme. Pour y arriver, les dessinateurs et animateurs se sont plongés dans les dessins originaux de Schulz et ont reproduit l’impression de trouble à l’aide d’outils infographiques conçus originellement pour faciliter une impression de lissage.
Un sourire jaune, avec cette intrigue si facile à deviner et engluée de morale simpliste.
Une grimace en forme de sourire en entendant ces musiques pop aussi vulgaires qu’incongrues.
Un sourire complice en reconnaissant dans la salle de danse le clin d’œil à une autre scène de bal.
Un sourire de surprise en entendant les adultes s’exprimer par un son de trombone. Les bruits émis par Snoopy et Woodstock ont été puisés dans la base de données d’enregistrement de Bill Melendez, premier animateur à avoir donné vie aux personnages de Peanuts dès 1961. Les voix ont été enregistrées sur de vieux microphones à ruban afin de renforcer la fidélité aux cartoons d’origine.
Un sourire tendre devant les états d’âme de pauvre Charlie Brown et un sourire d’encouragement pour qu’enfin ce cerf-volant s’envole.
Un sourire jusqu’aux oreilles quand Snoopy affronte le Baron rouge.
Un sourire de bienheureux devant les bêtises de Snoopy et Woodstock.
Mais au final, celui qui compte le plus est le sourire du mini-moi avec qui je regardais ce film.