On peut se demander pourquoi le distributeur français a décidé de modifier le titre original « Force majeure » par « Snow therapy », beaucoup moins percutant et trop suggestif ? Car « Snow therapy » est d’une incroyable force de frappe, au moins sur sa première partie !
Tout commence le plus ordinairement possible, une famille de la middle class profite de quelques jours à la neige pour se retrouver et partager des moments heureux ensemble. On les suivra pendant cinq jours, d’abord dans leur banale villégiature, où sentiments, décors et actions semblent aseptisés. S’il n’était un malaise permanent sourdre autour d’eux, on en viendrait presque à s’ennuyer jusqu’au moment où un incident viendra fissurer l’apparence de ce bonheur tranquille.
Ruben Ostlund maitrise la situation, se joue de ses personnages comme au théâtre de marionnettes et les place dans un univers qui est tout sauf serein. Il joue du son et de l’image à la perfection, créant une tension palpable, inquiétante, étouffante. Le psychodrame qui s’instaure n’a rien à envier à un Ingmar Bergman, tant la psychologie des personnages est poussée à l’extrême, finement dessinée et abordée. Mais là où Ostlund échoue un peu, c’est qu’il n’exploite pas suffisamment son raisonnement et la seconde partie du film tend à s’enliser un peu, notamment avec l’ajout de deux autres protagonistes, amenant des situations cocasses ou convenues.
L’intensité s’étiole, la force du propos s’amenuise jusqu’à une conclusion complètement un poil démago, visant à rétablir un juste équilibre. On tenait jusque là un film ENORME, il n’en reste en définitive que très bon. Dommage !