"Tu rigoles? Sans les bourgeois, à qui on piquerait l'oseille?"
Moi, Mocky, je le connaissais en tant que clown médiatique qui gueule sur les plateaux TV que les critiques dézinguent ses films pour leurs petit budget et que c'est un génie incompris, tout ça avec un ton méprisant et arrogant. Ce monsieur m'inspirait donc que de l'antipathie jusqu'à ce que je me penche sur son cinéma. Et que ne fut pas ma surprise avec Solo, une petite série B brute de décoffrage et politiquement incorrecte.
On y suit la descente aux enfers d'un violoniste/cambrioleur trentenaire qui va essayer tant bien que mal de sauver son petit frère des mains d'un groupuscule terroriste issu de Mai 68.
Un pitch amusant qui flaire bon l'idéologie réac mais non dénué d’ambiguïté (il y a autant de salauds chez cette jeunesse révolutionnaire que dans la France de De Gaulle) et le héros, campé par Mocky lui-même, pose son regard désabusé, romantique et irrévérencieux sur ce conflit des générations perdu d'avance. D'ailleurs, il est très bon acteur le gaillard, avec ses faux airs d'Alain Delon et ce charme goguenard.
1h20, c'est parfait tellement le film enchaîne à une allure ahurissante les séquences tantôt amusantes, tantôt pêchues et tantôt plus désenchantées. Mocky nous signe quelques dialogues savoureuses aussi, emblèmes de la verve canaille à la française (perso, je la préfère à celle de Michel Audiard). Il n'est pas en reste au niveau de l'action non plus, filmant les quelques séquences de gunfights ou de bagarre comme les poliziottesco de l'époque, avec la même noirceur et brutalité.
Ah, et ce leimotiv mélancolique teinté de folk sied à merveille à l'ambiance de ce polar à la finalité aussi tragique qu'amère.
https://www.youtube.com/watch?v=vmBAkefpqD0
Bref, un petit film oublié qui me fait reconsidérer Mocky et qui me donne envie de continuer cette immense filmographie qui est la sienne...