Idéaux exaltés, fraternité et déambulation dans la nuit Parisienne, tout ça rythmé par une ballade lancinante presque obsédante signée Georges Moustaki, s’inspirant d’un champ de partisans grecs, qui résonne comme un appel au soulèvement et qui raisonne encore longtemps après la fin du générique, tels sont les ingrédients de ce film fauché dans lequel Mocky y mêle ses obsessions emmenant ses personnages au bout du bout des pavés de la nuit parisienne.
S’ouvrant sur une très surprenante scène de gunfight que n’aurait pas désavoué Sam Peckinpah ou John Woo, toutes proportion gardées bien sûr…, le film enchaîne une succession de scènes de déambulations nocturnes filmées au gré des inspirations de l’auteur, mais toujours tenu par cette idée fabuleuse fonctionnant à l’économie de moyens, faire du cinéma avec trois kopecks.
Mocky l’anar y dresse un passage en revue à la mitraillette Thompson des beaux idéaux qui débouchent sur du vide et du fauchage en pleine jeunesse mais n’oublie pas d’égratigner le microcosme bourgeois qui s’empiffre de ratafia et de jeunes pouliches dans des parties fines.
Mine de rien, peu de cinéaste en France ont osé aborder des sujets qui ont dû faire grincer bien des dents et ont fini par faire l’actualité : les hordes de supporters de foot débiles, la pédophilie institutionnelle, les beaux idéaux qui s’effondre, la corruption des élites… pas toujours super fin le Mocky, mais sacrément burné.