L'idée de faire un spin-off sur les origines de Han Solo n'était pas franchement la meilleure idée pour un film Star Wars, l'épatant Rogue One ayant dès lors une utilité plus logique à la saga. Toutefois le prequel est mis en route et sont alors engagés Phil Lord et Christopher Miller, auteurs du déjanté 21 Jump Street et sa suite ainsi que La Grande Aventure Lego, qui semblent pouvoir insuffler une once d'originalité bienvenue à un prequel plus que dispensable. Sauf que Disney ne veut pas d'une comédie d'aventure. La firme veut un vrai film épique, classique mais efficace, pour raconter les débuts d'un personnage iconique.
Les metteurs en scène ne se pliant pas aux "règles" de la production (filmer ça ainsi et pas autrement, respecter les dialogues écrits par Lawrence Kasdan, etc...), ils sont évincés du projet comme des mal-propres alors qu'ils avaient presque terminé le tournage et sont remplacés par Ron Howard qui devient ici un yes-man improbable finissant le film rapidement et sans encombres. Ainsi, outre les séquences manquantes, le réalisateur de la saga Da Vinci Code filme les reshoots voulus par Disney, quitte à refaire 80% du film et changer des personnages en suppléant des acteurs comme Michael K. Williams, retenu sur le tournage de The Red Sea Diving Resort et incapable de revenir tourner ses scènes, remplacé donc intégralement par Paul Bettany.
De la comédie d'aventure imaginée par Lord et Miller, il ne reste rien ou presque, seuls quelques gags et séquences d'action. Ron Howard ne propose ainsi que le minimum syndical à travers un enchainement de péripéties vues et revues et horriblement mal interprétées par des acteurs incapables d'insuffler quoique ce soit : entre un Alden Ehrenreich jamais convaincant dans le rôle-titre et cette gourde d'Emilia Clarke dans la peau d'une rebelle/objet de cœur, seuls Woody Harrelson et Donald Glover s'en sortent avec les honneurs. De plus, les rares scènes humoristiques tombent constamment à plat tandis que le scénario pêche à raconter une origin story digne de ce nom.
On n'espérait donc certainement pas savoir comment le plus intrépide contrebandier de la galaxie avait obtenu son porte-clé à peine aperçu par les fans hardcore dans le premier film ni découvrir qu'il a eu le cœur brisé à travers une romance dispensable. Le traitement de son personnage est d'une rare indigence, le scénario allant même jusqu'à rater sa rencontre avec Chewbacca et accorder un dialogue absurde sur l'origine de son nom (probablement la scène la plus débile du long-métrage). Bref, en dépit d'un « casse » sur un train spatial réussi, d'une mini-révolte explosive et d'un univers graphiquement effectivement très proche de la première trilogie, Solo n'a rien du prequel abouti et utile à la saga, bien au contraire.
On ne saura jamais ce qu'aurait pu (dû ?) être le film à l'origine mais on se doute que les deux trublions à l'humour férocement corrosif avaient en tête quelque chose de plus dynamique et surtout de plus fun que cet épisode anodin, pas mémorable pour un sou et manquant cruellement d'identité, aussi bien visuelle que scénaristique.