Dans la toile

À l'origine prévu pour être réalisé par les deux génies Phil Lord et Chris Miller (La Grande Aventure Lego, 21 Jump Street), finalement producteurs et scénaristes, le projet échoue entre les mains d'un storyboarder échappé de DreamWorks qui signe ici son premier long-métrage, épaulé par deux autres co-réalisateurs. Inspiré par le comics de Dan Slott, le long-métrage s'affranchit de toute temporalité pour proposer une aventure inédite à l'écran qui se débarrasse en un éclair des éventuels liens avec les franchises passées et se permet même de se moquer des précédentes adaptations. En une poignée de minutes, nous sommes dans l'univers de Lord et Miller, bourré de références et d'humour grinçant, prêts à plonger tête baissée dans une péripétie pour le moins inoubliable.

Fusant à vitesse grand V, ponctué de gags inventifs, de dialogues recherchés et de scènes d'action à couper le souffle, Into the Spider-Verse est une prouesse aussi bien graphique que scénaristique, la mise en scène envolée seyant à merveille une péripétie originale où un nouveau Spider-Man débutant va devoir trouver le courage en lui pour sauver son monde aux côtés d'autres Spider-Men issus de différents univers parallèles, à savoir l'original que tout le monde connait (ou presque), Gwen Stacy alias Spider-Woman, Spider-Ham le cochon cartoonesque, Spider-Man Noir le détective en noir et blanc et même SP//dr:, la version manga imaginée en 2014. Un bon petit monde aussi liés que différents qui vont nous en mettre plein les mirettes tout en chatouillant constamment nos zygomatiques.

Abordant autant de thématiques connues (les responsabilités, le courage, l'entraide) que de nouvelles plus adultes, dévoilant un scénario moins convenu qu'il n'y parait et poussant les limites de l'alliance 2D/3D jusque dans ses derniers retranchements, ce premier film animé est une réussite totale, prouvant dès lors qu'une bonne adaptation de comics réside avant tout dans l'intelligence de ses concepteurs et à travers un travail minutieux. Avec une animation unique en tout point, une caméra virevoltante et des onomatopées décalées, Into the Spider-Verse met une grande claque dans la tronche, nous faisant jusqu'à oublier le temps d'un film toutes les précédentes adaptations sur le Tisseur, devenant par la même occasion un grand film de super-héros, tout simplement.