Avec ce film, Park Chan-wook démontre donc qu'il n'a non seulement aucun talent - à part celui de la manipulation - mais surtout qu'il est pétris de mauvaises intentions. Car je peux comprendre qu'on veuille explorer les méandres de l'océan des défauts humains - certains l'ont très bien fait, que ce soit Lee Chang-dong dans le même pays ou Shôhei Imamura de l'autre côté de la mer - mais ici, je ne perçois qu'une pauvre envie de s'acharner sur l'homme, sans raison aucune.
Park fait le beau, notamment avec sa mise en scène : ils nous montrent des 'beaux' plans, certainement, mais qui n'arrivent pas à prendre de sens dans un ensemble aussi froid. Car c'est bien un film totalement gelé qu'il nous est donné de voir, le réalisateur ayant vraisemblablement des problèmes sérieux à régler. En effet, le scénario, qu'il a co-écrit, est très (trop) simple : en gros, l'homme est mauvais et arrivera à tout pour se venger. Le problème est qu'il n'y a rien d'autre. Jamais Park n'osera porter une réelle réflexion sur ce sentiment de vengeance, ce qui rend tous ses personnages tellement similaires qu'ils sont interchangeables : car y a-t-il vraiment une différence entre tous ces pauvres êtres qui n'hésitent pas longtemps avant de massacrer de toutes les manières possibles chaque personne qui représente un obstacle sur sa route? Non. Et justement, aucun de ces pions ne sera creusé, que ce soit le muet qui pouvait être touchant au début mais devient ridicule en saignant tout le monde, sa copine détestable, caricature de révolutionnaire que Park semble tout autant mépriser que les flics du film, ou encore l'entrepreneur (pauvre Song Kang-ho, que fais-tu dans ce merdier?), dont l'amour (trop tardif) pour sa fille ne semble prendre forme que sous pure haine de ses tueurs. Bravo.
Ensuite, cette écriture perfide voit sa stupidité décuplée par la mise en scène. Car Park, non content de trouver des sur-cadrages sympathiques et autres effets 'choc', s'amuse à montrer encore et toujours à quel point l'homme est mauvais : et vas-y que je te montre le père regarder sa fille se faire scier en salle d'autopsie, ladite fille noyée dans la rivière ou encore la merde et la pisse de personnes en train de se faire torturer. On pourrait avance l'argument du réalisme. Moi j'avance celui de la lâcheté, rarement aussi dégoûtante que dans ce premier volet de la trilogie du cinéaste coréen. Car Park a l'air de prendre du plaisir à montrer tout ça - il est tout sauf neutre donc n'apporte pas d'intelligence au propos, simplement une jouissance à choquer le public, de par la répétition des plans montrant tous ces morts plusieurs fois, leur sang, leurs membres...
Alors que le cinéma coréen est parfois raillé pour ses films trop sanglants et violents, voilà que Park Chan-wook s'en sort en cachant un film affreux sous des apparences soi-disant 'auteuristes' simplement parce qu'il a appris à cadrer ses plans et à un directeur de la photo qui sait rendre les images 'belles'. Eh ben non, non, non. Quand on voit qu'un mec comme Yang Ik-june arrive à parler des horreurs humaines en un seul film, Breathless, tout en restant modeste et honnête, on se demande pourquoi Park a autant de succès. Je pense que beaucoup sont dupés par ses effets, qui moi, m'ont laissé de marbre. Honte à cet homme, qui avec Sympathy for Mr. Vengeance, démontre sa haine stérile des humains.
Song-kang ho dit un moment dans le film "tous les handicapés ne sont pas stupides." Cela va également dans l'autre sens : tous les hommes stupides ne sont pas handicapés.