High expectations



Tout d'abord, il est important de préciser qu'à mes yeux, la renaissance de Star Wars avec l'épisode VII réalisé par Abrams de l'année dernière était une franche réussite. Le dernier opus de la saga reste à mes yeux le meilleur de loin (je sais, c'est une hérésie pour beaucoup). C'est pourquoi mes espoirs étaient très élevés pour ce spin-off au cast partiellement alléchant (Ben Mendelssohn, Mads Mikkelsen et bien sûr Jiang Wen & Donnie Yen!), avec un réalisateur apparemment capable de faire un bon film de sci-fi (bien que Godzilla, c'était mi-figue mi-raisin pour moi).
Les différents trailers ont continué à garder mes espoirs solides, les possibilités techniques et visuelles d'aujourd'hui permettant d'évidentes améliorations, nécessaires pour un univers si riche.



Prometteur...



Alors, quand le film a enfin commencé, je me suis pris au jeu. Belle intro mieux réussie que celle du VII (dont c'est un des seuls points faibles), notamment grâce à un Ben Mendelssohn toujours resplendissant, belles images avec forcément un budget permettant des effets visuels impeccables, beaucoup de nouvelles planètes annonçant une réelle utilisation de l'univers SW...
L'intrigue un peu faiblarde ne gâchait pas tout grâce à quelques personnages attachants : Krennin dont l'ambition est touchante; K-2, sorte de C-3PO cynique; et aussi Jiang Wen & Donnie Yen, dont la relation avait un potentiel dramatique fort.



... Mais raté



Mais dès le début, quelques erreurs assez grosses laissaient paraître les faiblesses encombrantes de ce nouvel opus. Le montage pressé ne laisse pas de temps pour se poser et apprécier ces nouvelles planètes, tout étant sacrifié au nom de l'histoire, qui doit avancer coûte que coûte. Le problème étant que l'on sait déjà tous comment le film va finir, il aurait été intéressant de développer une intrigue novatrice à côté pour essayer d'en faire plus qu'une simple introduction à Star Wars IV.
Mission non accomplie, malheureusement. Plus le film avance, moins l'impression première de redécouverte de l'univers est puissante, pour enfin tomber dans une histoire on ne peut plus prévisible.


Alors que Krennin - méchant qui transpire la classe grâce à son acteur - avait un potentiel dramatique certain, voilà que les scénaristes en font un énième tyran ridicule dont la seule raison de vivre est de tout détruire. Quel dommage! L'on voyait par moments que l'envie de reconnaissance sont il faisait preuve aurait pu mener à une fin plus tragique, démontrant que lui aussi était victime du système. Lorsqu'il aperçoit l'Etoile noire se diriger vers la planète où il est, il comprend que sa réussite signifie sa propre fin, malgré tous ses efforts pour se faire apprécier par l'Empereur. Mais non, il meurt trop vite, et l'on ne s'en souviendra que comme un affreux personnage voulant simplement voir le monde se détruire, pour aucune raison.


En plus de cela, il est triste de voir que les deux personnages principaux, joués par Felicity Jones et Diego Luna, sont désespérément plats et unidimensionnels.


Luna est tout bonnement insupportable et son retournement de veste peu crédible, tandis que Jones essaie de nous attendrir alors qu'elle n'a rien à proposer. Elle reste là, à essayer de pleurer devant l'hologramme de son père puis tout à coup, croit en la rébellion parce que le scénario le veut.
Bref, deux héros très très mal écrits qui ne laissent que des miettes à d'autres personnages dont le potentiel était plus riche.


Les deux acteurs chinois forment eux une remarquable équipe, avec Churrit le bouddhiste aveugle dont l'apparente naïveté s'avère être une foi inébranlable et rafraîchissante, tandis que son protecteur et ami Baze est toujours à ses côtés, jusque dans ses derniers instants. A vrai dire, la mort de Churrit est un des rares moments où l'émotion était réelle à l'écran.
Quant à K-2, ses délicieuses remarques sont quasiment toujours excellentes et nous rappellent que Star Wars, c'est aussi un humour spécifique, qui ici n'existera qu'à travers lui.



Brouillon



Le problème principal est que ce film est bâclé. Les références aux vieux films sont trop lourdes, avec des personnages de la trilogie originelle qui n'apparaissent que pour faire plaisir aux fans, mais n'apportant rien à l'histoire. Une histoire qui en fin de compte, ne nous apprend pas grand-chose, à part la raison pour laquelle l'Etoile Noire a un point faible, ce que nous savions d'une certaine manière. En effet, Rogue One n'est en fin de compte qu'une simple histoire de fille à papa, mais pas grand-chose d'autre. Il est triste de voir que la nouvelle Rébellion ne se base que sur une raison si friable, et non quelque chose de plus fort. Felicity Jones ne parvient décidément pas à porter le film haut, tandis que l'enchaînement des séquences perdent le spectateur, ne nous permettant pas de profiter réellement de l'enjeu, dont la construction est mécanique.


Pendant tout le dernier tiers du film, je me suis donc trouvé à regarder le film en tant que simple spectateur, voyant les scènes défiler sans y être impliqué. Edwards voulait faire un film de guerre, où le Bien et le Mal auraient laissé place à une zone grise où chacun a fait des choses critiquables. Mais le Mal n'est bien que "pur Mal" tandis que la Rébellion devient une cause totalement noble. Bien que quelques moments essaient de tirer profit de cette velléité à ne pas caricaturer les deux camps, c'est un échec, et nous nous retrouvons avec un classique "good vs evil" où, bien sûr, les bons gagnent à la fin.


Et pourtant, les scénaristes osent décimer tous les héros que nous avons suivis, sans exception. Mais cela arrive de manière très malhabile, trop catégorique, et ne ressemble qu'à une purge cherchant à justifier le discours défendant une "zone grise". Alors que la mort de Churrit a un sens (après avoir été touché par la force, il a fait son devoir et peut se laisser aller à mourir), celles de Baze et du pilote joué par Riz Ahmed sont ridicules et futiles, dénuées de sens. Mais les scénaristes n'ont visiblement pas cherché à être sensibles et logiques, seulement à finir une histoire malheureusement déjà achevée avant la lettre.


Pour conclure, je dois avouer que mes espérances était trop élevées, mais après avoir été ébloui par The Force Awakens, il faut se rendre à l'évidence que tout n'est pas acquis dans la nouvelle Galaxie Star Wars. Ce film trop peu surprenant me laisse à penser que Disney, qui a déjà massacré Marvel avec une overdose de films tous trop semblables, est en chemin pour faire la même chose à Star Wars, dont l'univers a pourtant une richesse bien supérieure.


Ici, l'on n'a pas l'impression d'être dans une Galaxie très lointaine, car les manettes hollywoodiennes sont toujours trop visibles.

Elvisant
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le 15 déc. 2016

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小汤 Elvisant

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