Voici encore un mystère qui fait que le cinéma asiatique est mon préféré. En effet, ce film a priori plutôt grand public et suivant une histoire assez prévisible (à part le fait que le personnage principal change de corps tous les jours!), m'a beaucoup touché. Pas vraiment un film d'auteur, je craignais donc qu'il tombe dans les clichés qui touchent autant le cinéma oriental que celui outre-Atlantique, mais malgré quelques éléments sérieusement limite, ce premier film de Jong-Yeol Baek sort du lot.
Premièrement, pitch très attirant: le personnage principal change donc d'apparence tous les matins en se réveillant, c'est-à-dire que l'on ne suit pas un acteur tout au long du film, mais toute une ribambelle, allant du jeune enfant à la vieille dame. Ce phénomène est très bien utilisé, tant pour montrer la difficulté de vivre comme cela qu'en instrument comique: par exemple, quand Woo-jin est un enfant d'environ sept ans et qu'il se soûle au soju et paie l'addition en bon gentleman... Sachant qu'il est considéré comme un enfant de sept ans! Excellent. C'est donc sur ce constat original que l'on va suivre cet homme (qui parfois est une femme), comprenant qu'il est donc impossible pour lui de nouer des relations sérieuses avec quiconque, à part son meilleur ami (très bon side-kick comique).
Bien sûr, un élément déclencheur va tout bouleverser quand il rencontre cette (magnifique) jeune femme avec qui il désire avoir une vraie relation. Il est donc plutôt compliqué de réussir à rester subtil, ce que le réalisateur réussit à faire, en alternant scènes assez standard (ralenti, sourires...) et idées novatrices en se concentrant sur les détails (les mains, les yeux, les objets...) ce qui donne quelque chose d'équilibré et convaincant. On ne tombe donc jamais dans la facilité et les procédés insupportables que l'on pourrait s'attendre à trouver. J'étais à vrai dire complètement pris par cette histoire, tout en sachant la direction qu'elle prenait. La fin n'est donc pas originale du tout, mais c'est la manière dont elle est faite qui la rend convaincante.
C'est donc cela qui caractérise ce film si rafraîchissant: un propos tout ce qu'il y a de plus classique mais une démarche innovante et très touchante. C'est un feel-good movie, soyons honnêtes, mais comme avec Singing in the Rain de Stanley Donen, parfois ça marche. J'ai du mal avec ce genre de films (Love Actually par exemple...) mais encore une fois, les Coréens nous montrent la subtilité dont ils peuvent faire preuve. Entre piano, ralentis et regards amoureux, on arrive tout de même à quelque chose de réel, car basé sur des sentiments honnêtes.