Moon Lee, Yukari Oshima, Sibelle Hu, Wong Chun Yeung... Autant de personnes qui sont étroitement liés au (sous) genre du Girls With Guns. A tel point que ceux-ci ne parvenaient pas à en sortir, assimilés définitivement à leurs personnages de cinéma, et voyaient leur carrière suivre la pente irrémédiablement descendante des résultats du box office pour ce type de films. Un état de fait qui devait en frustrer plus d'un...
The Big Deal, avec son casting de purs habitués du genre aurait donc pu être un GWG parmi d'autres avec intrigue minimale et combats en quantité. Mais, toute l'équipe du film, le grand Wong Chun Yeung en tête, semble s'être donné le mot pour ne pas refaire encore la même chose sur cette production. Et au lieu d'un Girls With Guns tout ce qu'il y a de plus classique, The Big Deal nous entraîne sur les chemins de la comédie. Une véritable tentative désespérée de prouver sa valeur dans d'autres registres. L'objectif est atteint, dépassé, explosé même puisque ces conditions ont aboutis à la naissance d'un authentique monstre sur pellicule, un film qui repousse les limites du genre sans risque de se voir à son tour dépassé !
Ce qui caractérise le film, c'est son rythme infernal : Impossible (je le répète : IMPOSSIBLE !) de trouver le moindre temps mort durant les une heure trente du métrage ! Dans la moindre scène, le moindre moment, il faut qu'il y ait un gag débile à se mettre sous la dent, que ce soit une TV qui tombe d'un immeuble, des zombies qui passent en fond, un inconnu qui vienne faire coucou à la caméra... Cette énergie comique hallucinante vise évidemment plus la quantité que la qualité, on est là pour faire du chiffre, pas pour proposer de la blague bien fine et réfléchie. Résultat, beaucoup de ces sketchs tombent à plat ou sont perdus dans la masse (clignez des yeux et vous en avez déjà loupé deux !). Mais cet humour tendance mitrailleuse lourde ne peut que finir par emporter le morceau. C'est tellement idiot, tellement fou et généreux dans ses intentions qu'on ne peut qu'être conquis devant un tel spectacle hystérique !
On a tendance à dire que le Girls with Guns ne propose pas vraiment de scénarios élaborés. Cette généralisation ne trouve pas de meilleur exemple que The Big Deal. Tellement concentré sur la monstrueuse quantité de gags à fournir, Wong Chun Yeung ne cherche même pas à construire la moindre histoire pour le film, il se contente de quelques vagues éléments épars (un voleur méchant, une épée sacrée, des flics) pour justifier l'avalanche de délire. Mine de rien, ça rapproche The Big Deal de ces films concept (et pour la plupart mensongers) se vendant sur le coté « action non stop » à la Versus. The Big Deal lui, est vraiment une comédie déjanté non stop, faisant presque passer Wong Jing pour un scénariste modèle.
Dans ces conditions, parler de développement des personnages n'a aucun sens. Le ton est à la parodie la plus débridée et les acteurs se mettent au diapason avec un plaisir évident. Il suffit de voir Moon Lee et Yukari Oshima, d'habitude sérieuses et concentrés. La première se ballade constamment avec des petites couettes et grimace dés qu'elle en a l'occasion (le bateau pirate !), la seconde arbore une casquette à l'envers et un survêtement violet du plus bel effet. Et je passe sous silence les lunettes batman probablement achetés à Temple Street qu'elles arborent avec fierté. Sibelle Hu, elle qui avait tendance à plomber chaque Girls with Guns dans laquelle elle se trouvait (même le grand Dreaming the Reality en souffrait !), n'a jamais été mieux utilisé qu'ici. Oui, elle est ridicule avec son costume de policière plein de badges et son antenne qui dépasse du béret mais c'est exactement le meilleur qu'on peut tirer d'elle ! Les autres acteurs se prêtent au jeu avec un entrain qui fait diablement plaisir, de Tommy Wong (il faut le voir habiller en femme pour le croire !) à Yuen Wah (cultissime séquence des toilettes !).
Et comme si ce déluge de n'importe quoi ne suffisait pas, le film se permet également d'offrir un bon nombre de combats, mélange de GWG typique et de parodie débridée. Yuen Cheung Yan étant aux chorégraphies, le résultat est tout ce qu'il y a d'efficace. On retiendra surtout le rituel affrontement Moon Lee/Yukari Oshima qui tourne ici au crêpage de chignon et le final à Ocean Park, version manga de l'intro de Devil Hunters.
The Big Deal c'est l'ultime n'importe quoi, un concentré de fun et de bêtise qui ne peut qu'emporter l'adhésion... Surtout dans une soirée Bis !