Minute introspective :
J'ai découvert Dune (le film) ado. Étant sevré aux Star Wars, j'espérais voir un spectacle du même acabit. Évidemment, avec de telles attentes, le visionnage ne fut pas une partie de plaisir. Comme beaucoup de monde, mon opinion fut rapidement établie : "Ce film est nul". Mais, il y avait quand même suffisamment d'ingrédients intéressants pour me pousser à lire le(s) livre(s). Des milliers de pages plus tard, j'avais une nouvelle saga de SF dans mon top 10 bouquins. Fort de ce nouveau savoir, je regardais à nouveau le film. Le résultat fut encore pire. Dune était une adaptation complètement ratée, traitant à l'inverse des thèmes essentiels développés par Herbert (l'instrumentalisation de la religion...) et faisant l'impasse de personnages importants (Hasimir Fenring !). Et pourtant... Quelque chose ne cessait de m'attirer dans le film si bien que je me mis à le revoir encore et encore, usant la VHS dans le magnétoscope.
Le résultat de cet auto lavage de cerveau, c'est que j'aime maintenant beaucoup le Dune de Lynch.
Écartons tout de suite les points qui, malgré toute la bonne volonté qu'on peut avoir envers le film, demeurent objectivement ratés : Les effets spéciaux et les batailles.
Tous les SFX ne sont pas à jeter à la poubelle, bien au contraire !, mais il y a quand même une bonne quantité de peu convaincants (les ornithoptères, les séquences spatiales). C'est toujours regrettable dans un film de cette nature.
Les batailles par contre, il n'y a vraiment rien à en sauver. De multiples plans sont recyclés, on ne comprend rien aux mouvements de troupes et aux stratégies mises en place, c'est juste désastreux.
La question de l'adaptation est plus discutable. Comme relevé plus haut, le film n'est pas fidèle aux livres sur de nombreux points. Mais, de manière simplifiée, il conserve à peu près l'essentiel. On peut, à juste titre, regretter que toutes les réflexions présentes dans le livre ne soient pas dans le film mais celles qui ont été gardées sont en tous cas bien traitées. Ce qui est déjà beaucoup.
L'existence de belles versions longues montées par des fans doués permet également de tempérer les critiques qu'on peut faire quand à l'abandon de certaines scènes importantes.
Le choix de Lynch comme réalisateur a été énormément critiqué après le four que fit le film au box office. Lynch lui-même donna raison aux critiques en le désavouant. Pourtant, c'est bien le style inimitable du réalisateur qui fait l'intérêt de Dune. Ça et la présence d'une équipe technique de haute volée pour l'épauler.
L'auteur de Elephant Man parvient à retranscrire sur le grand écran les moments les plus conceptuels contenues dans le livre (le pliage de l'espace, l'éveil du Kwisatz Haderach...) et à donner vie aux différentes forces en présence. Quelques choix artistiques sont discutables (l'armure des sardaukars, l'intérieur du palais de l'Empereur un peu kitch) mais la majorité d'entre eux sont parfaits (les Bene Gesserit, les distilles, les navigateurs...), si bien qu'il est difficile de les imaginer autrement quand on (re)lit les livres. Une observation qui vaut aussi pour le casting. Chaque acteur est parfaitement à sa place, donnant parfaitement corps aux personnages. Vu leur nombre et l'importance qu'ils revêtent dans le récit, c'est une grosse réussite à mettre à l'actif du film.
La musique, majestueuse et inspirée, soutient admirablement bien les visions mises en scènes par Lynch.
Dune le film est définitivement imparfait. Mais il a une force de fascination assez unique dans l'univers de la SF, une identité propre, bien différente du tout venant de la production du genre, qui en fait un objet filmique précieux.