Depuis son retour avec le génial Kiss Kiss Bang Bang, Shane Black a sans aucun souci gagné les faveurs de Hollywood pour écrire et mettre en scène le nouveau volet de la saga Predator. « Quoi de plus normal pour celui qui a eu un petit rôle dans le premier film que de réaliser le dernier en date ? » se sont dit les producteurs. Sauf qu'il ne faut pas oublier que s'il est un scénariste brillant et inventif, parfaitement à l'aise dans le buddy movie, Shane Black n'est pas un très bon réalisateur en matière de blockbusters franchisés, en témoigne le franchement raté Iron Man 3.
Avec cette suite aux deux premiers opus, Black nous livre ainsi une comédie d'action lourdingue, inappropriée et mal fichue, où les rares bonnes idées sont utilisées à la truelle et où les incohérences multiples sont légion. On connait les déboires qu'a connu le film : remaniement du scénario par la production, reshoots obligatoires, scènes supprimées (notamment à cause d'un acteur à qui on a découvert des mails pédophiles)... Résultat : le long-métrage ne ressemble à rien, le scénariste-réalisateur tentant tant bien que mal de proposer quelque chose de logique à regarder.
Ceci dit, problèmes de production ou pas, le scénario original conservé n'avait déjà rien de dingue : une escouade d'anciens Marines comprenant notamment un blagueur invétéré, un chaman et un quasi-débile atteint du syndrome de Gilles de la Tourette font équipe avec une biologiste (qui en un claquement de doigts devient une guerrière intrépide) pour sauver le fils de l'un d'eux des griffes d'un Predator lui-même traqué par un über-Predator géant et des Preda-chiens en CGI tous pourris. Et — cela va de soit — sauver le monde.
Partant dans tous les sens, dénué d'une quelconque logique dans ses évènements, au rythme bâtard et aux séquences d'action au mieux déjà vues au pire illisibles, The Predator est un ratage intégral, son réalisateur ayant choisi d'imposer sa patte comique tout au long du métrage en oubliant d'y incorporer ce qui faisait le charme des deux premiers films. Plus une parodie qu'une suite ou même un hommage, ce nouveau film enterre définitivement une franchise qui n'avait jamais lieu d'être.