Maintenant que j'ai vu la série, je vais pouvoir compléter et même carrément renier la critique écrite précédemment, parce que même si ce préquel peut s'apprécier sans l'avoir vue, y a pas à tortiller, on ne peut pas y comprendre grand-chose...
Gros choc et comme j'en avais le pressentiment, Donna s'est métamorphosée, surtout que la nouvelle brunette ne ressemble pas vraiment à l'actrice de la série, même si je ne crois pas que l'on perde au change... Quel joli minois ! D'autre part, on verra un peu plus certains personnages peu présents dans la série comme Jacques Renault ou Ronette Poulavski, mais surtout le manchot et ses pouvoirs "divinatoires", comme cet étrange enfant à l'âme solitaire accompagné de sa grand-mère.
Mais avant cela, Les Sept Derniers jours de Laura Palmer s'ouvrent sur l'enquête concernant la mort de Teresa Banks, dont les similitudes avec le futur meurtre de Laura Palmer viendront se greffer sous sa griffe (ouch, c'est hardcore)... Avant la série, je trouvais que David Lynch jouait comme un pied, mais en même temps, le film ne rend pas du tout compte que ce qu'il a dans les oreilles relève de l'appareil auditif. Hé ! Faut penser aux spectateurs un peu limités comme moi, monsieur le génie ! Gordon Cole envoie donc deux agents enquêter. Quant à la meuf en rouge qui fait du mime en guise de codes secrets, mouais, elle a quand même vraiment l'air con... On aura aussi très vite droit à l'une des deux scènes marrantes du film : l'accueil moqueur au commissariat. L'autre étant Bobby essayant d'enterrer un corps en jetant de la terre dessus ! ^^
Je viens d'ailleurs de mettre le doigt sur un point qui me semble important : le film de David Lynch, à contrario de la série, ne s'avère pas super poilant ; finies les situations absurdes et autres répliques rigolotes, on n'est plus vraiment là pour se marrer, mais bien pour flipper dans une ambiance sombre et habitée, schizophrénique, avec heureusement, quelques pointes d'onirisme bouleversantes. Et en prime, comme la coutume l'exige, la petite scène gore qui va bien !
Mais cette première partie ne me convainc toujours que très peu. Je la trouve encore assez ennuyeuse, malgré l'apparition très remarquée de l'agent Cooper et de l'agent incarné par David Bowie, qui semble avoir vécu avec une certaine Judy ce que vivra son successeur avec Annie, dans la Loge Noire, après une sublime scène à base de caméras de surveillance. Un peu comme si cet agent était le fantôme de Cooper... Enfin, ce dernier sera envoyé à la recherche de l'agent Desmond, disparu, comme la caravane de la vieille et du petit garçon, nos deux âmes solitaires et nomades... Un détail important tout de même : la bague de Teresa Banks connaîtra la même destinée...
La deuxième partie nous "ramène" un an plus tard à Twin Peaks et à sa faune, et nous suivrons de très près Laura Palmer (sinon le titre serait HS). La majorité semble trouver Sheryl Lee formidable, mais elle ne surjoue pas un petit peu quand même ? Ok, ce qu'elle subit avec son père et Bob est terrible, surtout que ça dure depuis qu'elle a 12 ans, et en plus elle se drogue et se prostitue... M'enfin quand même, non ? On retrouve donc Donna, Bobby et James, mais aussi notre petit botaniste ; il était sympa celui-là. Et là ça commence à bien me plaire de voir ce puzzle se reconstituer sous mes yeux. Ou devrais-je dire ce tableau ! ;)
C'est alors que Ray Wise entre en scène. Ca c'est de l'acteur à tronche ! Les mains sales de Laura semblent le préoccuper, mais les siennes ? Quoi qu'il en soit, revenons à ce tableau. Celui d'une porte. La porte d'une Loge offerte par deux âmes solitaires à une autre, avec un nain qui fait l'indien dedans et propose la dangereuse bague à Laura. Dale est contre. Les deux âmes communiquent par le rêve. Mais la tentation de Laura est toujours la plus forte. Alors la passation continue, devant ce tableau en miroir. Une scène fascinante. Tout comme celle qui suivra dans le bar, avec cette chanteuse qui m'avait déjà ému dans la série.
Euh, à ce rythme-là je me rends compte que j'ai pas fini, hein ! C'est qu'il y en a des choses à dire... Et puis on va éviter de trop spoiler aussi. Pour faire court, le film monte en pression et en qualité, en mystère et en tragédie également. On comprend parfaitement ce qui relie les deux meurtres, le pourquoi et le comment, la bague devenant l'essentiel élément métaphorique du Mal (la Loge Noire y est dessinée). On découvre aussi un truc très intéressant qui m'avait échappé dans la série, peut-être par manque de concentration :
le meurtre de Bobby (qui descend le flic moustachu du début).
Mais avant de nous quitter je ne peux pas ne pas vous faire part de la petite révélation qui m'est survenue après le film, je ne sais pas ce qu'elle vaut et beaucoup l'on certainement déjà proposée, mais d'après moi
la Loge Noire ne serait autre qu'une malédiction indienne (Bob, le nain qui fait le bruit d'indiens, la "carte", l'animisme). Une malédiction visant peut-être l'envahisseur blanc américain ? Une malédiction vengeresse des indiens (sioux vu la région ?) à base de schizophrénie... Ou un truc dans le genre. En tout cas je vais creuser. D'ailleurs, j'ai toujours été étonné par le traitement du personnage de Hawk dans la série, le seul personnage récurrent dont on ne sait finalement rien, le seul personnage récurrent aussi effacé également...
Un film totalement perché en tout cas, qui apporte quelques réponses mais pose aussi de nouvelles questions. Des scènes époustouflantes, parfois même à la hauteur de leur invraisemblance (l'ange qui délivre qui-vous-savez). Un épilogue monumental surtout, malgré un plus grand mystère encore. On pourrait effectivement parler pendant des heures encore de ce singe appelant la Judy de l'agent incarné par Bowie, comme de cette nourriture à base "de souffrance et de pleurs" qui d'après moi différencierait l'Homme du singe justement, par métaphore... A voir et à revoir. Encore et encore.