La foule imbécile a trouvé "beau" ou "poétique" ce qui au fond n’est qu’un désespéré, un passionné appel au meurtre » Luis Bunuel
Un chien andalou reste un film aux multiples facettes, mystérieux et énigmatique.
Malgré un fil conducteur qui semble discernable, chaque nouvelle métaphore proposée par Luis Bunuel et Salvador Dali suscite en chacun une nouvelle interprétation. Le monde qui est constitué reste sans cohérence, rempli de secrets ; les objets y sont surprenants, étranges. Nous sommes emportés en plein rêve où même le temps n’a plus réellement de sens. Résonne ainsi un plaisir de questionnement, sans que jamais réponse ne soit apportée. Cette dernière tient plus au ressenti personnel et diffère selon les expériences de chacun. Le film n’est peut être finalement pas un film qui se comprend mais un film de lâché-prise, où nous devons laisser aller imagination et perception pour nous amuser.
Un film poignant, accompagné d’une musique qui fait résonner avec justesse le malaise du spectateur, ainsi que l’ambiance oppressante, malsaine ; parfois plus rythmée et plus joyeuse elle s’accorde avec les instants de l’œuvre qui prêtent à faire sourire.
La première scène restera pour moi, et comme pour bon nombre, la plus poignante. La violence de l’image m’a d’abord marquée puis, le sens qu’elle cachait. Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec le prologue d’Affabulazione de Pier Paolo Pasolini lorsque l’"Ombre de Sophocle" prend la parole :
Je suis ici arbitrairement destiné à inaugurer
un langage trop difficile et trop facile :
difficile pour les spectateur d’une société
en un très mauvais moment de son histoire,
facile pour les quelques lecteurs de poésie.
Vous devrez accoutumer vos oreilles.
Assez. »