L’avantage avec Sterne, comme avec Shakespeare, c’est que vous pouvez le prendre par n’importe quel bout, point, «détail», ou mot: vous le reconnaissez, le possédez et le voyez à l’œuvre tout entier, dans son absolue unité.
Guy Jouvet, «Tristram Shandy ou: «le Livre des Livres», préface à sa traduction, Éditions Tristram, 2004
Vie et opinions de Tristram Shandy est une œuvre de Laurence Sterne qui se présente comme une fiction autobiographique. Les livres qui en composent l’ensemble ont été publiés par deux, il y en a neuf.
Le narrateur nous raconte, avec humour et réflexion, les moments de vie de Tristam Shandy, tout en se déportant sur des disgressions : métalepses narratives qui surprennent et déroutent le lecteur. En exemple, le livre VII peut donc nous apparaître comme une énième digression : Tristam quitte Shandy Hall et part pour la France, tout comme l’auteur l’a fait, pour des raisons de santé. Il décide de fuir la mort, au sens propre du terme, c’est à dire de partir en voyage pour lui échapper.
Le ton comique du récit estompe la fatalité à laquelle font fasse l’auteur et le narrateur tout au long du récit. Sa lecture apporte au lecteur une toute nouvelle réflexion : comment prendre cette œuvre si différente de toutes les autres et si moderne ? Sterne apparaît ici comme “le premier romancier de la conscience” comme le dit Jean-Jacques Mayoux. Ces jeux d’écritures comme les métalepses, récits enchâssés, jeux de mots sur les différents sens font de ce roman une œuvre nouvelle mais surtout une œuvre vivante et pleine de vie. L’écriture apparaît comme un signe de vie : écrire c’est être en vie, il n’y a donc aucune raison que le lecteur soit surpris par la variété ou l’absence de fil conducteur et de direction !