Cette critique pourrait vous révéler des détails de la résolution de l'intrigue du film.
De tous les sous-Scream que j'ai pu voir, Urban Legend m'est décidément le plus sympathique. Déjà parce qu'il est porté par une quantité d'acteurs qui ont eu une renommée, ou de seconde zone, et que j'aimais voir à l'écran dans la période de mon enfance/adolescence : Jared Leto en tête de liste tient le film avec l'aide de Michael Rosenbaum (Lex dans Smallville), Brad Dourif (toujours fantastique), Robert Englund (dans un rôle de professeur trop discret) et Tara Reid, qui campe l'habituelle fille nunuche façon Souviens toi... l'été dernier.
Dès le départ trop outrancier pour être vrai, il s'ouvre néanmoins sur une première scène choc que l'on pourrait facilement compter parmi les meilleures ouvertures de Slasher (c'est dire la pauvreté du genre). Avant de cut et de passer directement à la faculté, où nous sera présentée la bande de personnages principaux qu'on va devoir suivre; s'imposent dès lors les prévisions de qui mourra le premier et de qui suivra, en plus de se questionner sur celui qui pourrait incarner le meurtrier de l'histoire.
C'est sur ce point qu'Urban Legend réussit le mieux son coup : la fin est absolument imprévisible, et le mélange de Scream et de Souviens toi... l'été dernier fonctionne assez bien pour justifier une intrigue sans queue ni tête au retournement de situation désarçonnant du fait qu'on n'y aurait jamais pensé, et qu'il n'a par ailleurs strictement aucun sens. Logique, quand on voit la bêtise du reste du scénario, de suivre une conclusion dénuée de toute vraisemblance.
Ce côté nanar qui se prend au sérieux et tente de réinventer la soupe est justement ce qui donne tout son sel à ce petit film entre la série b et la série z, généreux en meurtres élaborés autant qu'en personnages caricaturaux : le journaliste au passif trouble, la blonde animatrice, le riche méprisant, etc. Des acteurs qui les campent, on retiendra, bien sûr, leur performance incroyablement fausse (même Jared Leto ne semble pas y croire) et le charme d'une actrice trop rare, Rebecca Gayheart, qu'on avait déjà aperçue en second rôle de bimbo dans Scream 2.
Du Scream de Wes Craven, il recopie sans gêne les effets de mise en scène, la photographie et la bande-son acérée, sans aucune volonté de changer les choses : il s'agit d'un travail de mauvais élève trop occupé à reproduire la copie de son voisin pour tenter de l'améliorer, ou de simplement changer la formulation des phrases. Et l'on se prend rapidement au jeu d'y dénicher tous les effets de style repris, du montage au principe méta de lier les meurtres à la culture populaire.
Là où Craven démontait les codes d'un genre qu'il avait instaurés des années auparavant, le réalisateur Jamie Blanks assemble les premiers ingrédients de la recette qu'il appliquera plus tard avec Mortelle St-Valentin : limiter les apports au genre à un postulat de base intéressant mais justifié n'importe comment, ici des crimes reproduisant le schéma des légendes urbaines américaines, sans y apporter aucune piste d'approfondissement ou de quelconque analyse.
Il se contente d'utiliser cette idée somme toute originale comme un simple moyen de divertissement, soit sans savoir quoi faire du grand potentiel horrifique de son postulat (ce que Scary Stories fera en bien meilleur quelques vingt années plus tard). Cette superficialité, loin d'être surprenante à en juger par la bêtise des dialogues et la stupidité des personnages, annihile le traitement qu'on était en droit d'attendre : se contenter d'apposer les légendes urbaines au même contexte que Scream, en plus d'attester de la paresse d'écriture et du manque d'imagination du scénariste Silvio Horta, fait naître un goût amer dans la bouche après le visionnage, en laissant la triste envie de vouloir en voir un remake, pour mieux approfondir le sujet et enfin offrir un divertissement à la hauteur de ses ambitions.
S'il n'est pas surprenant de plus en rire que de s'en effrayer, Urban Legend fait tout de même passer un agréable moment par l'iconisation ratée de son tueur en série, en plus de surprendre en fin de film par un twist qu'on n'avait pas vu venir. Son casting sympathiquement nul, ses airs de sous-Scream généreux et qui se prend au sérieux lui confèrent une personnalité nanardesque savoureuse, qui bascule entre les rires moqueurs et la surprise de voir jusqu'où l'équipe s'est engouffrée dans le naufrage. A défaut d'être véritablement bon, il est surtout culte pour les mauvaises raisons, la première étant, à n'en pas douter, qu'il représente l'une des raisons principales de la chute brutale de popularité du Slasher.