La dernière production du pays du bonheur ultra conformiste s'avère surprenante tout en conservant ce qui a fait le succès de la firme. Cet animé offre deux faces : l'avers est très joli, extrêmement léché, plein de bons sentiments et farci de chansons dégoulinantes, comme d'habitude quoi ; le revers propose des héros différents, une jolie dose d'optimiste et un dépaysement inhabituel.
Disney, comme souvent, soigne ses visuels pour en mettre plein les mirettes des petits zenfants émerveillés. Mais je dois avouer que cette fois-ci, les créatifs se sont surpassés : animations vraiment fluides, textures somptueuses et surtout couleurs hallucinantes. Certes, l'élément aquatique se prête bien à l'exercice mais le résultat final est là, bluffant.
Les personnages, joviaux, attirent la sympathie. Les sentiments familiaux sont bien entendus présents (le cahier des charges de la souris américaine est intransigeant sur ce point), même si la gentille fille devenue adolescente fait sa petite crise. La grand-mère est là, lien essentiel avec le passé ; la bestiole rigolote aussi, même si elle est tellement bête qu'on lui volerait volontiers dans les plumes.
On a aussi droit aux sempiternelles chansons, Disney ayant remis au goût du jour, après quelques années de pause salvatrice, ces airs qui restent en tête plusieurs jours après la séance. Certaines sont très agaçantes mais je dois reconnaître que d'autres possèdent un certain intérêt.
Bon, on a là tous les ingrédients pour ravir la petite famille à l'approche des fêtes. La vente des produits dérivés vont pouvoir remplir la tirelire de la petite souris.
Mais le studio a aussi pris quelques risques. Certes, il a déjà par passé proposé au public des personnages de couleur (Pocahontas, Mulan voire la princesse et la grenouille) mais rien ne fonctionne mieux qu'une jolie petite blanche comme héroïne (au hasard la reine des neiges). Ici, ce sont des habitants du pacifique qui sont mis à l'honneur. Je crois que Disney ne l'avait encore jamais essayé. Ils surfent sur la vague sans prendre le bouillon.
On en profite aussi pour passer avec finesse un message écolo (ça ne fait pas de mal par les temps qui courent) sur la nature à qui on a volé son cœur : les habitants voient leurs ressources s'amenuiser et si l'équilibre n'est pas rétabli tout le monde va mourir. Le parallèle est intéressant car ce sont les îliens qui commencent déjà à payer le tribut de la montée des eaux.
L'apprentissage de l'autonomie, l'émancipation, l'affirmation de soi sont mis à l'honneur, valeurs bien américaines (mais pas seulement) s'il en est.
On pourra également discerner un petit clin d’œil aux racines chrétiennes avec l'élue qui sépare les eaux (on a déjà vu cela par le passé) même si l'on nage au milieu d'un panthéon issu d'un paganisme ancestral.
Il n'y a pas ici de grand méchant attitré mais plutôt des forces primordiales qui se déchaînent suite à un déséquilibre provoqué par l'homme. C'est à ce dernier (ou à son représentant) que reviendra l'obligation de réparer.
Au final, cet animé est une île un peu singulière dans l'archipel des productions du studio : elle suit les codes habituels mais sans prendre l'eau de toutes part. Un film plutôt rafraîchissant.