Après Chasse à l'homme et Broken Arrow, John Woo sort son troisième film américain et tape cette fois-ci dans le mille, Volte/Face étant un bijou du cinéma d'action à la fois original, bien réalisé et superbement interprété. Les 2h20 passent sans lenteur, le long-métrage étant rythmé de parts et d'autres par une histoire aussi improbable que bien menée, par des scènes d'action tout simplement dantesques et surtout par un casting de choc mettant en valeur un John Travolta au top de sa forme qui retrouve Woo un an après Broken Arrow et un Nicolas Cage déjanté qui persévère dans le blockbuster d'action après les succès de Rock et des Ailes de l'Enfer...
Bien que poussive, l'intrigue nous présente deux rivaux : l'un (Travolta) est un flic tenace qui souhaite venger la mort de son fils, l'autre (Cage) est un tueur cinglé qui n'hésite pas à prendre des risques suicidaires pour avoir belle allure. Lorsque ce dernier est enfin arrêté et placé dans le coma, les autorités découvrent qu'il a caché une bombe en ville et seul lui et son frère emprisonné peuvent la désamorcer. Dès lors, le flic va prendre sa place en prison, expérimentant pour cela une chirurgie esthétique parfaite en prenant le visage de son pire ennemi. Le véritable point fort du film, c'est ce jeu de personnalités inversées : d'abord excentrique et déluré, Nicolas Cage devient ainsi un flic perdu transposé dans la peau d'un méchant dont il apprend peu à peu que la vie est également tourmentée tandis que John Travolta cabotine avec malice dans le rôle du mari désormais pervers.
Violent, sanglant voire même carrément gore par moments, Volte/Face possède également son lot de plans dont seul John Woo possède la patte ; il n'est donc pas surprenant de voir des face-à-face rapprochés, des gun-fights aériens, des ralentis majestueux et bien entendu les inévitables colombes propres au réalisateur chinois. S'inscrivant non seulement parmi les meilleurs divertissements des années 90, Volte/Face permet également à John Woo de nous livrer l'un de ses meilleurs films, suivant de près les mythiques The Killer et À toute épreuve. Ainsi, avec son scénario en béton armé, son casting haut de gamme, ses répliques assassines et ses scènes d'action monstrueuses immédiatement ancrées dans les annales du genre, Volte/Face conserve aujourd'hui encore son statut de film culte tourné à une époque où le cinéma explosif était à son apogée.