Troisième film de John Woo à Hollywood après Chasse à l'homme et Broken Arrow, on peut dire que c'est sa grande réussite sur le sol américain, surtout qu'il a dû gérer en plus l'ego de ses 2 stars. Son style a plu aux studios US, faut dire qu'il a une façon bien à lui de styliser des histoires de truands et de mettre en relief les travers les plus sauvages de l'âme humaine.
Sur la trame basique du combat entre le bien et le mal, Woo compose une sorte de métaphore curieusement symbolique sur Dieu et le diable, sur les apparences qu'ils peuvent prendre pour nous tromper, sur ce qu'ils ont à la fois de détestable et de séduisant. Quand Dieu prend le visage du diable, quand le diable s'empare de celui de Dieu... un peu freudien tout ça voire même métaphysique. En tout cas, à travers un scénario solide et bluffeur bien que complètement improbable ( il faut bien suivre les changements de visages), des scènes d'action et de gunfights bien réglées, des trouvailles visuelles (le gunfight final dans une chapelle), une violence urbaine, physique, sexuelle et morale, et une mise en scène nerveuse et virtuose, on assiste à l'implacable affrontement de ces 2 puissances divines et à un échange démentiel.
John Woo brouille les pistes, détourne les règles élémentaires du thriller, fait couler le sang et la sueur, malmène ses 2 stars sans qui ce film ne serait rien, il fait d'un simple film d'action une parabole en donnant au spectateur le vertige, en prenant bien garde de ne pas pousser le bouchon trop loin, mais en poussant à l'extrême des situations qui pourraient sombrer dans la caricature. En fait, ça reste très logique par rapport au propos du film. Woo entraîne Cage et Travolta dans un ballet frénétique en leur offrant la possibilité de se dédoubler et d'aller à l'intérieur de la propre folie de leurs personnages, tour à tour victime et bourreau. C'est ce qui explique leur tendance à surjouer un peu, mais les rôles l'exigent, ils sont délectables et ont dû s'amuser comme des fous à ce jeu là. Ils n'ont finalement que peu de scènes ensemble, à l'image de Pacino et De Niro dans Heat. On pourra au passage noter quelques références à The Killer, l'un des meilleurs polars électriques de John Woo à Hong Kong, sans pour autant parler de remake. Un thriller efficace, trépidant, sanglant et distrayant.

Créée

le 26 janv. 2018

Critique lue 1.4K fois

41 j'aime

17 commentaires

Ugly

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

41
17

D'autres avis sur Volte/Face

Volte/Face
Ugly
8

Combat entre le bien et le mal

Troisième film de John Woo à Hollywood après Chasse à l'homme et Broken Arrow, on peut dire que c'est sa grande réussite sur le sol américain, surtout qu'il a dû gérer en plus l'ego de ses 2 stars...

Par

le 26 janv. 2018

41 j'aime

17

Volte/Face
Buddy_Noone
8

Mascarade

On ne présente plus John Woo, un des réalisateurs les plus emblématiques de Hong Kong qui un peu comme Leone en son temps a su réinventer les codes de tout un genre tout en imposant son style...

le 10 févr. 2016

35 j'aime

7

Volte/Face
Fatpooper
9

Quoi ma gueule?

Volte/face! Face Off! Un classique! J'aimais bien quand j'étais gosse. Je l'ai revu. Et mon plaisir s'est intensifié! John Woo offre ici un pur spectacle de divertissement! Sans aucun complexe, il...

le 17 déc. 2012

23 j'aime

6

Du même critique

Il était une fois dans l'Ouest
Ugly
10

Le western opéra

Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...

Par

le 6 avr. 2018

123 j'aime

98

Le Bon, la Brute et le Truand
Ugly
10

"Quand on tire, on raconte pas sa vie"

Grand fan de westerns, j'aime autant le western US et le western spaghetti de Sergio Leone surtout, et celui-ci me tient particulièrement à coeur. Dernier opus de la trilogie des "dollars", c'est...

Par

le 10 juin 2016

98 j'aime

59

Gladiator
Ugly
9

La Rome antique ressuscitée avec brio

On croyait le péplum enterré et désuet, voici l'éblouissante preuve du contraire avec un Ridley Scott inspiré qui renouvelle un genre ayant eu de beaux jours à Hollywood dans le passé. Il utilise les...

Par

le 4 déc. 2016

95 j'aime

45