Scénario : C'est un couple de petits vieux qui vont voir leur famille à Tokyo, voir leurs enfants, leurs petits enfants et des gens qu'ils n'ont pas vus depuis longtemps.
Voilà, je vous ai résumé 80% du film.
Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "un réalisateur = un film"
En tant que sujet d'étude :
Le Voyage a Tokyo est le film j'ai pris afin d'étudier le cinéma d'Ozu un réalisateur dont je n'avais pas vu un seul film avant de faire cette liste, mais entre-temps j'ai vu Le goût du Saké. Et en relisant ce que j'avais dit de ce film (sorti 9 ans après Le Voyage a Tokyo) je dois dire que j'ai pas grand chose de neuf à en dire.
Dès ce film de 1953 tout était déjà là. D'abord les thématiques parlant du vieux temps (nous sommes dans un Japon post-1945) qui ne reviendra plus mais aussi du côté cyclique de la vie : les enfants quittent le giron familial et font leurs vies à côté de celle de leur parents. L'industrialisation a changé les rapports entre les gens et c'est comme ça.
On se dit que ça ne parle que du japon, mais au final, ça parle de la société : le rapport entre les gens, l'affection que tu peux avoir avec eux (ainsi, c'est une de leur belle-fille, qui n'est même plus lié intimement aux personnages, qui leur montre de l'affection. Et puis, les faux semblants. Shige est vraiment l'exemple même de la personne très souriante en apparence mais qui se montre tout de suite hyper froide et désagréable lorsque les choses ne tournent pas en sa faveur.
On a aussi cette temporalité très longue, presque contemplative, où l'on a l'impression qu'Ozu montre des personnages en train de vivre. Ses films sont filmés depuis la hauteur d'un tatami et on a vraiment l'impression de voir des gens vivrent comme si on les voyait par la fenêtre. C'est d'ailleurs amplifié dans une scène où l'on voit littéralement au loin les fenêtres des voisins en train de s'affairer à leur vie quotidienne.
Mon avis personnel :
C'était un peu le baptême de feu : ma copine allait-elle aimer ou pas un film d'Ozu, cinéaste que je trouve intéressant mais un peu longuet... et oui, elle a aimé. (Même si elle trouve que mettre ce film dans la liste des "100 meilleurs films de tout les temps" est abusé.)
Le Voyage a Tokyo reste quand même supérieur au Gout du Saké. Il s'éparpille moins, tout en posant pourtant plus de thématique. Il possède une trame assez simple : le voyage, le fait de rester chez les gens ou pas, de recroiser du monde puis de repartir. On reste dans une fratrie et chaque scène tourne autour des grands parents, de leur présence qu'elle vue comme un moment agréable ou un moment gênant. Et le film est un poil plus comique. Là encore ça reste du comique très très léger, mais que ce soit dans les réflexions de couples, les choses qu'il ne faut pas dire (notamment quand on connait les japonais et leur réserve) ou des scènes de bars qui aussi drole par leur côté "poivrot qui disent de la merde" que montrant un côté un peu pathétique.
En fait, là où il est fort c'est qu'il nous a foutu la larme à l'oeil à la fin. Si au début on voyait tout ces personnages d'un oeil assez détaché, son couple de petit vieux est hyper hyper attachants. Ils nous rappellent tous des parents qu'on a connu et même les plus détestable peuvent rappeler une oncle ou une tante qu'on a connu.
Après, si le film est mieux passé, c'est aussi parce qu'on a un peu comblé les scènes longuettes en parlant : que ce soit afin de dire quel ou quel souvenir ça nous a rapellé, que pour savoir "combien ils ont d'enfants au fait ?" (Il faut vraiment attendre la fin du film avant qu'on comprenne vraiment qui est un des enfants, qui est un beau fils ou une belle fille. J'ai même cru que Kyoko leur fille restée à la maison était leur bonne à un moment.) Et aussi, je suis content d'avoir une copine qui maitrise vaguement le japonais pour qu'elle m'explique quelques phrases que les sous-titres avaient omis de traduires.
Voilà. C'était bien, mais il faut vraiment accepter, d'emblé, que ça sera longuet.