Curieux film que Voyage of Time.
Curieux film puisque malgré le fait que ce soit mon premier contact total avec Terrence Malick, j'ai l'étrange sensation qu'il n'a pas cédé un seul pouce à une zone de confort qu'il ne partage pas avec beaucoup de réalisateurs.
Curieux film puisque malgré la démarche d'hyper-esthétisation et le soin remarquable apporté au cadrage et au montage (qui transmettent aux spectateurs la beauté des espaces célébrés), s'y trouve de nombreux plans - augmentés d'images de synthèse où tournés à l'aide de drone - pas nécessairement grossiers mais qui taillent dans le vif de l'ambiance et donnent la sensation de passer le plus clair de la séance devant un documentaire France 5 (même pas doublé par Patrick Poivey) ou une rétrospective Depuis l'Aube de l'Humanité : Le fond d'écran Windows à travers les âges.
Curieux développement puisque, sa péloche entre deux chaises, Malick propose, par la structure en alternance "Vision d'artiste/Oeufs de grenouille/Dinosaures en PixelArt/Super8-Vacances au bled", une perception de la vie comme entité universelle, atemporelle et rhizomatique, pour finalement la dynamiter d'un retournement de veste anthropocentré, convenu, et somme toute décevant.
Alors, oui, Voyage of Time est à mon sens un film léché, une secousse sans être une patate, que l'on pourrait qualifier de "poétique" à bien des égards. Mais poétique ne veut pas dire inconséquence dans l'économie générale de l'oeuvre.
Curieux de tous les pays, que vous soyez ravis ou déçus de cette expérience, je vous conseille de vous pencher sur Everything de David O'Reilly : ça ne mange pas de pain.