Aussi médiocre qu'intense.
Les cahiers disaient qu'il n'y avait qu'une seule scène qui se répétaient durant tout le film... Dommage que ça ne soit pas vrai. Parce que le film est aussi intense qu'il est médiocre... Dès qu'on a cet avorton qui joue de la batterie le film est formidable, c'est vraiment intense, que ça soit dans les acteurs, la mise en scène, la musique... Tu sens qu'il en chie, qu'il est à bout de nerf, qu'il a peur... Et ça c'est formidable... Mais par contre dès que ça tente de faire de la psychologie, dès que ça tente de raconter quelque chose, de mettre des mots, ça détruit tout... C'est aussi simple que ça...
Pourquoi ? On voit un poster dans sa chambre... Ok, je ne sais pas qui c'est et je n'ai pas besoin de savoir qui c'est, j'ai compris, c'est son idole... Mais plan suivant, qu'est-ce-que l'on voit ? un gros plan sur le cd avec le nom de l'artiste... génial... formidable même ! Subtilité zéro. Et tout est comme ça dans le film. La fille flirte avec lui, mais au cas où on ne comprendrait pas qu'elle est intéressée, on la voit lui faire du pied en gros plan... Ben oui... Le spectateur est trop con pour comprendre ce qu'un beau sourire veut dire... Fous lui des gros plans dans la gueule jusqu'à qu'il gerbe !
Idem, le type se dépêche pour prendre sa voiture et tout, on le voit accélérer, il faut faire quoi ? un gros plan sur le compteur ! Prévisible et attendu...
Tout ce qui est psychologie des personnages est raté au possible et encore une fois, les faire mettre des mots sur ce qu'ils disent, pensent, ressentent... lors du dîner par exemple... ohlala c'est grossier : "tou le mond il sintérèss o footbool mé pa à mon ar snif lol". Je rêve ? On est où là ? Qui a pondu un truc aussi indigent ? c'est grossier, peu subtile...
Mais là où le film fait fort c'est que dès que c'est absence de subtilité est mise au service de l'intensité... On ne fait plus de chichi lorsqu'il s'agit de jouer ! Et là c'est très bien, parce que les scènes s'étirent... C'est long, ça se répète, on ne sait jamais quand est-ce-que ça va déraper... Quand est-ce-que le chef d'orchestre va péter un câble. Quand est-ce-qu'il va faire une fausse note... Quand est-ce-qu'il ne va pas être à la hauteur... Il règne alors une forte tension ! Et c'est le seul truc intéressant du film, cette intensité...
Je vois tout le monde s'extasier sur la "performance" de Simmons... Je pense qu'il ne faut pas non plus raconter n'importe quoi... Il est très bien (il était déjà très bien dans Burn After Reading), mais c'est surtout très facile de jouer comme ça le connard charismatique. Personnage gâché par une tentative vaine et ratée de lui rajouter de la psychologie. La psychologie ça tue tout lorsqu'on tient une telle intensité ! Et puis tout ça service d'un message bien explicité lui aussi... Si on pousse quelqu'un à travailler dur il sera peut-être un génie... (ce n'est pas la validité du message que je conteste, au contraire), mais le fait de venir le dire alors que c'était évident... Affolant de lourdeur...
Bref si quelqu'un se sent l'âme d'un artiste il peut remonter le film en ne gardant que les scènes où il joue, parce que c'est le seul truc qui importe, tout le reste, le contexte, ce qui se passe, ça se devine... ça se comprendre... Pas besoin de ficelles narratives inintéressantes...
C'est vraiment bien, mais vraiment décevant aussi...