Disney/Marvel battu à plate couture !
Après l’immense déception de The Amazing Spider-Man 2, nous ne pouvions que compter sur X-Men : Days of Future Past pour combler nos attentes en ce qui concerne l’envie de voir LE film Marvel de cette année 2014 (il reste encore Les Gardiens de la Galaxie, mais ne sachant pas vraiment à quoi s’attendre, l’attente est, du coup, moindre). Surtout que sur le papier, ce nouvel X-Men a de quoi faire plaisir au fan service : réunion de (quasiment) tous les personnages et donc acteurs de la saga (notamment la trilogie de base et le prequel X-Men : le Commencement ou First Class en VO) ainsi que le grand retour de Bryan Singer à la réalisation (X-Men, X-Men 2 et ayant mis son grain de sel sur X-Men : le Commencement). Alors, ce Days of Future Past est-il le Marvel du moment ?
Le film démarre en 2023, dans un monde post-apocalyptique où les mutants sont peu à peu décimés (tout comme les humains qui les aident) par les Sentinelles. Des robots conçus pour les anéantir, ne laissant donc plus aucun espoir aux survivants. Mais une petite équipe, menée par Charles Xavier / Professeur X (Patrick Stewart) et Erik Lensherr / Magneto (Ian McKellen) décide de contre-attaquer, en envoyant l’un d’eux, Logan / Wolverine (Hugh Jackman) dans le passé. En 1973 exactement, dans le but de réunir ses leaders jeunes (respectivement, James McAvoy et Michael Fassbender) afin de retrouver Raven Darkholme / Mystique (Jennifer Lawrence). Avant que celle-ci n’élimine l’ingénieur Bolivar Trask (Peter Dinklage), avec pour conséquence la mise en service des futures Sentinelles dont il est l’inventeur.
Quand, dès les premières déclarations concernant le synopsis, nous apprenions que ce nouvel opus aura pour thème les voyages temporels, le scepticisme avait aussitôt pointé le bout de son nez. Et pour cause, ce genre de trame à été traité maintes et maintes fois dans la plupart des milieux culturels (cinéma, séries TV, livres…), avec comme modèles de base La machine à explorer le temps et la trilogie Retour vers le Futur. Alors, quand une nouvelle œuvre s’attaque à cette thématique, c’est un sentiment de monotonie qui s’offre à nous (il n’y a qu’à voir le dernier exemple en date qu’est Men in Black 3). Ainsi qu’une envie commerciale de réunir un casting prestigieux car faisant appel à tous les comédiens de la saga (en ce qui concerne cet X-Men).
Vous pensez, après un tel paragraphe, que la critique va être négative ? Loin de là, X-Men : Days of Future Past étant le blockbuster de taille que nous n’espérions pas voir ! Mais vu que j’ai commencé comme tel, mettons d’office sur la table les défauts du film. Qui touchent principalement le scénario de la franchise toute entière, à savoir les faux raccords et incompatibilités avec les autres opus (ATTENTION, SPOILERS !!!). En premier lieu, les fameuses griffes en adamantium de Wolverine, qu’il avait pourtant perdues dans The Wolverine et qui, sans explications, son redevenues intactes dans cet opus. Ou encore le manque d’explications vis-à-vis du retour à la vie de Xavier, malgré une scène post-générique (assez vague) dans X-Men : l’Affrontement final (que beaucoup ont oublié ou loupé). Sans parler du pouvoir de Kitty Pride / Shadowcat qu’est de transporté un esprit dans son corps jeune (permettant le voyage dans le temps) alors qu’officiellement, celle-ci ne fait que passer à travers les murs. Ainsi que la relation qui existe entre Xavier et Mystique (alors que dans le premier film, elle lui fait du mal de sang-froid). Et enfin, un look différent pour un même personnage déjà apparu dans la saga (ici, cela concerne Crapaud, qui ne correspond même pas à l’âge que nous pourrions lui donner dans le premier X-Men, paraissant plus jeune que cette nouvelle version, se déroulant en plus en 1973).
Voilà, maintenant que nous avons fait le tour, nous pouvons nous attaquer au reste du film, à savoir ses qualités et ses atouts ! À commencer par son scénario. Malgré les invraisemblances évoquées précédemment, le script est tout simplement proche de la perfection. Avec une histoire qui se voulait complexe au possible, elle se retrouve finalement très simple à suivre (nous ne sommes jamais perdus, et ce malgré les nombreux détails et changements temporels qu’implique l’histoire). Et donc palpitante à suivre. D’autant plus qu’elle permet de creuser encore plus des personnages dont nous pensions avoir déjà fait le tour. Comme ce cher Wolverine (qui, ici, n’a plus rien à perdre et se risque à tout, sans mettre de côté sa « badass attitude », et qui trouve enfin son salut dans une séquence finale dont nous tairons ici le contenu), Xavier (qui se montre pour la première fois impuissant à ce qui se déroule) et Magneto (prêt à tout pour sa cause, quitte à vouloir sacrifier ceux qu’il aime). Sans oublier Mystique, qui a enfin l’honneur d’être au centre de cette l’histoire (je vous laisse découvrir pourquoi). Mais surtout, le scénario permet d’approfondir les relations qu’entretiennent chacun de nos personnages, en priorité Xavier et Magneto (notamment sur cette ironie, qui les voit s’unir dans leurs vieilles années alors qu’ils n’ont fait que s’affronter au fil des âges), mais aussi le Fauve et Wolverine (vite faite évoquée dans X-Men : l’Affrontement final) ou encore la romance entre le Fauve et Mystique (montré ici via des regards ; pas besoin de longs discours inutiles). Et avec leurs acteurs respectifs, qui avaient déjà montré qu’ils étaient les interprètes idéaux pour leur personnage, nous ne pouvons qu’être aux anges !
Mais surtout, Days of Future Past marque le grand retour de Bryan Singer. Et cela se remarque dans l’écriture. En effet, la comparaison mutants-Juifs et humains-nazis, totalement absente dans les derniers films, refait ici son apparition. Et ce dès la toute première séquence, qui rappelle l’introduction de l’opus initial (le camp de concentration, où les pouvoirs de Magneto « prennent naissance »), version science-fiction (décors funestes, personnages parqués et emprisonnés, génocide d’une race…). Une métaphore qui ne quitte nullement l’esprit du film, qui transparait à travers le personnage de Magneto jeune, qui fait tout en œuvre afin d’éviter un nouveau génocide (encore une fois, c’était explicite que dans X-Men et X-Men 2, les épisodes réalisés par Bryan Singer).
Et les personnages secondaires ? Il y en a bien, mais jamais au même niveau que dans X-Men : l’Affrontement final ni X-Men Origins : Wolverine. C’est-à-dire une surdose de mutants mis en avant et qui sont finalement délaissés rapidement par le scénario (comme l’avaient été Clyclope, Angel, Gambit…). Ici, ils sont annoncés d’office comme des seconds couteaux et restent comme tels (Bishop et ses compagnons). Ou bien possèdent au moins une séquence impressionnante (Vif-Argent). Mais quoiqu’il en soit, personne n’est mis de côté dans ce film, tous ont droit à son moment de bravoure. Tous ont leur place dans cette histoire qui tient incroyablement la route.
Sans que tout cela empêche Bryan Singer de nous livrer un divertissement exceptionnel, qui remplit aisément son cahier des charges. En n’oubliant pas l’action (quelques séquences sont à couper le souffle, notamment niveau mise en scène comme celles de Vif-Argent ou quand les Sentinelles attaquent les mutants), l’humour (via Wolverine et, encore une fois, Vif-Argent), l’émotion (certaines scènes se montrent véritablement prenantes et touchantes) et les clins d’œil (des détails scénaristiques et caméos à prendre en note). En bref, ce qu’il faut pour nous donner un film X-Men digne de ce nom : un blockbuster diablement divertissant et surtout palpitant de bout en bout (jusqu’à une scène post-générique qui annonce la couleur de la future suite X-Men : Apocalypse).
En clair, X-Men : Days of Future Past se livre à nous comme étant l’opus le plus travaillé, le plus maîtrisé de la saga toute entière. Le meilleur épisode, tout simplement ! Mais aussi l’un des meilleurs films de super-héros qui puissent exister, se rangeant sans mal aux côtés de Spider-Man 2, Watchmen – Les Gardiens, la trilogie The Dark Knight et Avengers (ce dernier ayant sa place grâce à son côté spectacle hors normes). Les Gardiens de la Galaxie a fort à faire pour dépasser un film qui lamine sans mal Captain America : le Soldat de l’Hiver et The Amazing Spider-Man 2 cette année. Quant à 20th Century Fox, c’est un joli pied de nez fait à l’encontre de Disney/Marvel, que l’on pensait intouchable question super-héros.