L’avantage à ne pas être un adepte et un connaisseur de comics, d’oublier à peu près tout de l’univers des X-men entre chaque épisode est de ne finalement pas en attendre grand-chose, et se ménager par conséquente de possibles bonnes surprises.
Je manifestais récemment à l’endroit de Godzilla une exaspération concernant tout le cahier des charges habituel des blockbusters en ce qui concerne les valeurs sentimentales. L’intérêt des films de super-héros, et peut-être particulièrement des X-men, est de s’affranchir de ces thèmes. Mutants, orphelins par conséquent, la famille qu’ils forment se fait dans la douleur et se fonde sur la division : c’est une nouvelle fois la thématique structurante de cet épisode.
Pas d’histoire d’amour, pas d’otages, pas d’enfants, mais l’instinct de survie et de vengeance d’une race toute entière. C’est ambitieux, c’est propre à cette franchise, et c’est plutôt sympathiquement scénarisé.
Bien entendu, on a droit aux longueurs et aux discours de convenance sur l’espoir, la foi, le courage et les renoncements, mais sans dépasser le seuil de tolérance, lui-même assez élevé, convenons-en, en ce qui concerne les grandes lignes du scénario qui, dès qu’il fricote avec les voyages dans le temps prend de toute façon d’immenses risques en matière de crédibilité.
L’alliance et les dissenssions entre les deux frères ennemis, déjà bien dessinées dans l’opus précédent, sont ici dignes d’intérêt.
A l’issue du marathon X-men, ce désormais avant-dernier opus a tout de la synthèse parfaite : entre le renouveau prolongé du First Class, permettant de garder la nouvelle garde, et la jonction avec l’univers bien connu du présent, Bryan Singer reprend la main et le fait bien.
Visuellement, le film compte son nombre de séquences inventives, au premier rang desquelles les fameux trous spatiaux permettant une poursuite et un jeu de cache-cache savoureux avec les Sentinelles, et surtout, son cœur mémorable, l’exploit circulaire de Quicksilver.
L’intrigue concernant les sentinelles, beaucoup trop éculée, est certes dispensable, tout comme la démonstration de force du stade nomade, mais l’essentiel est ailleurs : tout d’abord dans ces allées et venues dans le temps, et la façon dont l’époque des sixties est exploitée. Difficile de ne pas voir une référence permanente au film séminal de Zaprooder dans l’attentat de Mystique, jusqu’à la mise en scène lors de l’attentat de Paris. Ajoutons à cela cette mélancolie des destins et des parcours, particulièrement pour Raven, qui parvient à instiller une dimension tragique qu’on ne retrouve nulle part ailleurs dans la galaxie Marvel, et qui, pour une fois, encourageait à donner sa chance à l’épisode à venir. Malheureusement…
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