Dans les années 1960, les mutants Charles Xavier (James McAvoy) et Erik Lensherr (Michael Fassbender) recrutent d’autres mutants pour le compte de la CIA, afin de lutter contre un des leurs (Kevin Bacon) qui excite les Russes afin de déclencher une Troisième Guerre Mondiale.
Après deux volets assez décevants, savoir que Matthew Vaughn était derrière ce préquelle à la saga X-Men avait de quoi rassurer. De fait, il rehausse le niveau avec brio, tirant son film du côté de X-Men 2, sans doute l’épisode le plus réussi à ce jour. Il met donc ici tout son talent de réalisateur au service d’un récit complexe aux thématiques riches et abondantes.
Amoureux des années 1960 et de leurs films d’espionnage dans la lignée des premiers James Bond comme il nous le montrera dans sa grande saga Kingsman, Vaughn profite donc du contexte de la Guerre Froide pour nous offrir un film d’espionnage à l’ancienne, agrémenté des mutants que l’on connaît. Evidemment, tous ces derniers sont incarnés par un nouveau casting, royal, au sommet duquel trône déjà un Michael Fassbender décidément génial, qui fait encore une fois de Magnéto le personnage le plus captivant.
Sachant déjà quelle sera l’issue du récit, le spectateur n’en plonge qu’avec plus de plaisir dans un scénario qui fait la part belle aux dilemmes tragiques et explore de manière très intelligente les relations entre chaque personnage, ébauchant les fondements de la lutte entre mutants à laquelle on a assisté durant les trois premiers épisodes. Le malaise mutant est en effet à nouveau au cœur du film, grâce à l’incontournable Mystique, parfaitement incarnée par Jennifer Lawrence, qui gagne en profondeur.
Un film, même de Vaughn, ne peut malheureusement pas n’avoir que des qualités, et ce X-Men n’échappe pas à la règle, témoignant d’un rythme très inégal, à la lenteur certes appréciable, mais qui peine à jongler entre réflexion et action, privilégiant la profondeur de son récit et de ses personnages à des scènes d’action, certes efficaces, mais jamais mémorables. En outre, les scénaristes n’exploitent jamais à fond les pouvoirs de leurs mutants, en sacrifiant plusieurs d’entre eux que l’on ne verra jamais en action (Darwin, Havok, le Fauve, même si l’on a déjà vu ce dernier dans X-Men : L'Affrontement final). Un mal pour un bien, pourrait-on dire, puisque cela permet au récit de se concentrer sur la relation Xavier-Magnéto, indéniablement le plus grand atout de cette saga, mais cela laisse au film un léger goût d'inabouti.
Si l’on a déjà vu Vaughn plus en forme, X-Men : Le Commencement reste donc une incursion réussie de ce réalisateur au pays des super-héros, mais constitue surtout son premier pas dans le genre de l’espionnage, et en cela, anticipe la réussite que l’on allait voir arriver sur les écrans quelques années plus tard avec son bijou Kingsman : Services secrets.