Ecrivain devenu misanthrope le jour où il est devenu aveugle, Phillip Hannon (Van Johnson) surprend, dans un bar où il a l’habitude de descendre, une mystérieuse discussion de deux personnes préparant apparemment un kidnapping. Ayant alerté la police, celle-ci ne voit guère l’occasion de s’alarmer, voyant dans ce mystère le fantasme d’un écrivain trop imaginatif. Ce dernier décide donc de mener sa propre enquête en compagnie de son ex-fiancée, Jean Lennox (Vera Miles), de passage à Londres pour tenter de renouer avec lui, et son secrétaire (Cecil Parker).


Film trop méconnu d’Henry Hathaway, A vingt-trois pas du mystère semble le parfait croisement entre Raccrochez, c’est une erreur ! et Fenêtre sur cour. C’est d’ailleurs du côté de Hitchcock qu’Hathaway semble allègrement lorgner, tant dans son style, sobre et efficace (superbe utilisation des ombres et des lumières, ainsi que des célèbres brouillards londoniens), que dans ses ressorts scénaristiques, parfaitement ficelés, qui s’intéressent moins à la résolution de l’affaire qu’à l’enquête elle-même.
Cette enquête, aux rebondissements surprenants sans jamais être rocambolesques, se suit d’autant mieux qu’on s’attache sans peine à des personnages plutôt bien écrits, plein d’humanités. Alors que Vera Miles arrive tout juste par son jeu à rehausser son personnage un peu trop lisse, c’est surtout celui de Van Johnson qui retient l’attention, Phillip Hannon parvenant à susciter une vraie empathie par son infirmité, tout en étant parfois désagréable mais jamais insupportable au spectateur. On notera aussi un rôle tout en retenue pour un Cecil Parker, aussi attachant qu'amusant en valet tout dévoué à son maître, et enquêteur maladroit mais de bonne volonté.
S’il manque au film la petite étincelle qui aurait pu le rendre incontournable, A vingt-trois pas du mystère est tout-à-fait le genre de pépite oubliée qui comblera le cinéphile en mal de découverte, tandis qu’il divertira de manière amplement sympathique le spectateur qui ne cherche rien de plus qu’un bon film policier bien ficelé.

Tonto
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Ces pépites injustement oubliées et Les meilleurs films de 1956

Créée

le 12 juin 2017

Critique lue 596 fois

11 j'aime

4 commentaires

Tonto

Écrit par

Critique lue 596 fois

11
4

D'autres avis sur À 23 pas du mystère

À 23 pas du mystère
Val_Cancun
7

Ombres et brouillard

Titre relativement mal-aimé dans la riche filmographie de Henry Hathaway, "23 Paces to Baker Street" constitue à mes yeux un bon divertissement policier. Il faut dire que je suis très client de cette...

le 3 mars 2022

8 j'aime

3

À 23 pas du mystère
P-D
2

Au royaume des aveugles ... (critique en braille)

Ami détective, le cinéma anglais vient une nouvelle fois de frapper un grand coup avec cette fiente filmée d'une heure 43, un puissant somnifère télévisuel que l'on doit pourtant au grand Hathaway,...

Par

le 28 juin 2013

2 j'aime

À 23 pas du mystère
Alligator
7

Critique de À 23 pas du mystère par Alligator

Bel ouvrage policier du confirmé Hathaway. Oeuvre fixée en cinémascope, affichant de belles couleurs. Maniements de caméra assurés. Scénario impeccable. On voudrait faire du Hitchcock, qu'on y...

le 21 nov. 2012

2 j'aime

Du même critique

Solo - A Star Wars Story
Tonto
8

Mémoires d'un Han

Dans les méandres de la planète Corellia, où la population a été asservie aux ordres de l’Aube écarlate, organisation au service de l’Empire, un jeune homme, Han (Alden Ehrenreich) tente de s’évader...

le 24 mai 2018

79 j'aime

32

Hostiles
Tonto
9

La fantastique chevauchée

1892, Nouveau-Mexique. Vétéran respecté de l’armée américaine, le capitaine Joseph Blocker (Christian Bale) se voit donner l’ordre de raccompagner le chef cheyenne Yellow Hawk (Wes Studi), en train...

le 20 mars 2018

78 j'aime

15