Il faut le flair !

Je me suis bien amusé devant ce film dont je ne savais rien avant de le lancer. Quand j'ai compris qu'il s'agissait d'un film policier avec comme fil conducteur une enquête, j'ai craint le pire ; en effet, je ne suis pas friand du genre car en général, l'enquête consiste à faire rebondir l'enquêteur de fausse piste en fausse piste jusqu'à ce qu'un indice venu de nulle part ne le mette sur la bonne voie. Heureusement, ici, c'est plutôt bien ficelé.

Le scénariste pose les bases intelligemment, au cours d'une conversation qui sera le principal indice, mais que le héros pourra décortiquer afin d'en saisir toutes les nuances. Pas de grosses surprises donc, et les nouveaux éléments de l'enquête semblent toujours arriver avec cohérence et logique. Mais le plus fort de ce scénario, c'est que les personnages ne sont jamais délaissés ! Le héros est aveugle mais aussi doté d'un sale caractère, ne supportant pas le traitement lié à sa condition ; ces éléments sont exploités au travers de chaque situation (par ironie dramatique le plus souvent, ce qui est toujours plus truculent) jusqu'à un final d'une rare intensité. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, même si les femmes sont un peu moins intéressantes, malheureusement.

La mise en scène est assez soignée. Pas vraiment de virtuosité dans le découpage, ça reste simple, sobre et efficace. Une photographie léchée aussi, dont on retiendra le technicolor mais aussi de belles compositions et enfin une ambiance londonienne des plus agréable (on touche un peu aux brouillards, mais pas que, donc ça n'est pas que lugubre, c'est aussi ensoleillé par moment). Les acteurs sont très bons ; j'aime beaucoup la manière dont on fait comprendre que le héros est aveugle. La musique n'est vraiment pas envahissante. Vera Miles joue très bien, mais clairement son interprétation pâtit du manque de substance, de caractérisation de son personnage.

Bref, un film policier bien mené.