Il était donc possible de faire pire que "Black Rain" de Ridley Scott sur le thème de la civilisation japonaise percée à jour par un Américain devant puiser dans ses ressources pour accéder à l'humilité nécessaire... D'un côté on perd Michael Douglas pour cette saucisse en chef de Scott Glenn, mais de l'autre on fait tout de même rentrer dans le champ le maestro Toshiro Mifune, on aurait pu penser que le film ne pouvait pas atteindre un niveau trop bas. Grossière erreur. "The Challenge" est un maxi gloubiboulga indigeste et indigent, réalisé par John Frankenheimer à une période décidément bien peu faste de sa carrière (plutôt l'époque du très mauvais "Dead Bang" que de "Seconds", pour le dire simplement), qui mélange absolument tous les ingrédients qui lui passent sous la main comme un enfant capricieux. Du suspense, de la comédie, de l'action. Du chanbara et de l'art martiaux. Des katanas et des mitraillettes. Non vraiment cela ne fait aucun sens, encapsulé dans la laideur esthétique de sa décennie (tout y passe, fringues, coiffures, chorégraphies), sur fond d'histoire d'honneur et de tragédie familiale — deux sabres d'importance capitale transitent entre États-Unis et Japon, sur fond d'opposition fratricide entre deux hommes que tout oppose, bien grossièrement, l'un est un méchant gangster capitaliste expansif et l'autre un gentil samouraï traditionnel taciturne. Le clash des cultures proposé par l'arrivée de Scott Glenn dans le paysage japonais capturé dans tout son exotisme de supermarché est d'un ridicule incroyable, on a vraiment droit à tous les clichés sur l'incompréhension de l'altérité, sur l'apprentissage en mode "Jackie Chan fait ses classes dans le jardin japonais", avec le dernier quart d'heure donné comme friandise à tous ceux qui attendaient de l'action et du Mifune — la séquence infiltration à l'arc avec les gardes qui tombent les uns après les autres est collector. Un contre cent, aucun problème. Je n'aurais jamais songé voir un jour dans ma vie Mifune dans un navet à la Chuck Norris.