L'illusion du spontané et du documentaire s'est dissipée avant même d'avoir obtenu une consistance ; comment ne pas imaginer la voiture les devançant lors de la première scène sur les vélos, après avoir attendu la bonne lumière ? D'où ma question : pourquoi pas une vraie fiction ? Ou un vrai documentaire ? Pourquoi cet entre-deux qui place le malaise au centre ?
Je n'ai pas été hermétique à l'émotion, au drame, la musique et les mots qui peinent à sortir m'ont touchée ; je n'ai pas été hermétique à l'humour, qui est peut-être un des éléments les plus réussis du film, en particulier l'AirBnB à Vienne. Mais les mises en scène des dialogues qui transpirent l'écrit et qu'on ne savait pas trop comment monter m'ont pesé, tout comme les invraisemblables scènes de camping où un équipement démentiel sort magiquement du chapeau (et notons, pas du casque). Les questions pratiques sont évacuées : accès aux sanitaires, gestion de la lessive, coordination avec les écoles ; ne restent presque que les moments photogéniques au coin du feu et autres frisant parfois le cliché, arrosé d'une dose règlementaire d'alcool.
Je suis donc dans l'ensemble plutôt mitigée sur l'angle qui a été pris pour la représentation de l'intime, de la douleur d'un deuil, malgré des scènes réussies de voyage à vélo.