Les films de Wes Anderson sont pour moi des œuvres faites de voyages initiatiques profondément humains. Que ce soit l'épopée romantique fantasmée par les protagonistes de Moonrise Kingdom ou les scènes de courses poursuites dans The Grand Budapest Hotel, le cinéaste américain fait vivre et interagir ses acteurs au cœur de scènes d'actions absolument jubilatoires, aussi drôlissimes que savoureuses. A la recherche d'amour, de liberté, d'évasion, ses personnages sont actifs dans leurs quêtes, agissent, se mouvent perpétuellement dans cet univers acidulé et tendre bien propre au réalisateur de The Darjeeling Limited.
The Darjeeling Limited, parlons-en : Mon troisième Wes Anderson. En dépit de mon impatience grandissante à l'idée de le découvrir, j'éprouvais tout de même une certaine appréhension : j'avais peur d'être déçue. A l'appui, j'aurai pu citer mon ressenti concernant mon visionnage de The Grand Budapest Hotel. En effet, même s'il fût une très jolie découverte, ce dernier n'avait pas totalement réussi à me conquérir pleinement émotionnellement, s'opposant à Moonrise Kingdom, apparaissant pour moi comme l'une de mes plus grandes claques cinématographiques à ce jour.
Mais j'ai pris le risque. J'ai oublié un instant mes réticences et j'ai embarqué à bord du Darjeeling Limited, vers ce voyage inattendu s'annonçant prometteur, riche et délicieusement coloré.
Dans ce long métrage, nous suivons trois personnages en quête de spiritualité, de complicité nouvelle. Trois frères que tout oppose, que tout sépare, mais que l'Inde, réjouissante de par ses couleurs flamboyantes et son aura lumineuse, parviendra à rassembler inexorablement.
D'aventures inopinées en épopées périlleuses, on s'attache à eux, on les découvre : eux et leurs défauts, eux et leurs manies, eux et leurs secrets. C'est pour moi le grand talent de Wes Anderson – celui-ci sait donner une profondeur à ses personnages, il sait nous les faire aimer. Parfois naïfs, parfois excessifs, souvent décalés, mais surtout et avant tout, humains.
Il y a de l'humanité dans The Darjeeling Limited. De chaque plan, de chaque cadre d'une symétrie parfaite émanent une grande chaleur, profonde et douce. Et puis il y a ces couleurs criardes et accumulées, magnifiquement kitch, tant chéries par le réalisateur : A elles seules, elles invoquent explicitement cette notion de bienveillance qui illumine le film, ce rayonnement organique qui nous saisit et nous émerveille, pour ne plus nous quitter.
Et puis il y a cette BO saisissante, ce splendide trio d'acteurs, ces dialogues parfois burlesques mais toujours lourds de sens.
Il y a ces films lumineux, resplendissant d'émotions, à la fois drôles et terriblement touchants.
Ainsi, il y a The Darjeeling Limited.