Deux ans après le monstrueux Pour Elle, le réalisateur Fred Cavayé réinvente à nouveau le thriller nerveux et réaliste à travers un deuxième long-métrage tout aussi impressionnant que son prédécesseur. Avant toute chose, la réalisation est encore une fois bigrement efficace, Cavayé proposant une mise en scène énervée, véloce et terriblement soignée. Bien appuyée par l'excellente musique de Klaus Badelt, À bout portant ne possède aucun temps mort. Autre point fort du film et source de réussite pour son metteur en scène : le scénario en béton, original et bien mené. Nous avons ici affaire à l'enlèvement de la femme d'un simple infirmier qui, par un malencontreux hasard, se charge d'un dangereux criminel recherché par la police.
Obligé d'escorter le gangster jusqu'à un point de rendez-vous pour revoir sa femme en vie, notre bonhomme lambda n'est hélas pas au bout de ses surprises lorsque tout dérape lors de l'échange et lorsque la police le soupçonne d'être un complice. Cavayé nous livre donc tout son savoir-faire pour maintenir le spectateur éveillé à grands coups de continuels rebondissements bien pensés et bienvenus. Dans le rôle principal, Gilles Lellouche, parfait, nous impressionne de son naturel et sa conviction à interpréter un homme ordinaire projeté dans une situation extraordinaire. Épaulé par des seconds rôles du tonnerre (Gérard Lanvin, Rochdy Zem, Mireille Perrier...), l'acteur brille indéniablement de son talent.
Avec ce côté humain encore une fois poussé à l'extrême, son scénario rocambolesque bourré d'action, de courses-poursuites haletantes et de confrontations violentes, À bout portant est non seulement la preuve que Fred Cavayé est un grand réalisateur à suivre de très très près mais est également un nouveau thriller français n'ayant rien à envier aux productions américaines, le long-métrage étant une fiction collant au plus près de la réalité avec un rythme effréné et une saveur délectable.