Film très bizarre, où l'on découvre que les CRS quand ils ne cassent pas la tronche à des skinheads abrutis encore plus fachos qu'eux, peuvent philosopher, disserter sur leur rapport au monde, à la société, et sur le sens de la vie.
Autant dire que c'est un peu n'importe quoi.
Je ne dis pas que les CRS doivent nécessairement être représentés comme des débiles congénitaux, qui ne font qu'avancer tout droit et taper mécaniquement au pif sur tout ce qui se présente devant eux comme dans un bon vieux beat them all. Mais bon, dans le film le décalage entre les séquences de bastonnade bien beaufs, et les discussions (assez plates) est tel, que les comédiens finissent par n'être plus crédibles du tout.
Rajoutons à cela des sous-intrigues fumeuses à souhait, à l'écriture clairement téléfilmique (la femme et le gosse dont le CRS perd la garde / La mère expulsée / Et la palme du ridicule pour le fils demeuré hyper crédible quand il se rallie à un groupe de skinheads qui organise des after dans des apparts délabrés où ils font des pogos jusqu'au bout de la nuiiiiiiiiiit), et on obtient une succession de séquences toutes plus grotesques les unes que les autres, qui finissent d'achever un film bien terne.
Pour un film qui se veut burné, ça ne décolle véritablement jamais. Même le jeune premier qui débarque dans cet univers pour y apporter un peu de piment, est particulièrement fadasse, et n'a pas les épaules d'un Charlie Sheen (plus grand spécialiste du rôle de Rookie?).
Réalisé platement, le film reste le cul entre deux chaises :
entre traitement néoréaliste, volonté affichée de décortiquer la société italienne (de façon tellement binaire et schématique que ça en devient indigeste), et imagerie empruntée aux films de superhéros pour représenter les CRS : filmés en gros plans, en contre-plongée, avec leur attirail de justiciers modernes bien mis en évidence, le fétichisme et la fascination du fils Sollima transparaît d'emblée.
Le film rate, après l'avoir effleuré, son vrai sujet :
Une réflexion géométrique, un ballet passionnant et donc une vraie mise en scène, où la légion romaine de CRS doit, au milieu de la foule en furie, réussir à écarter les rangs des supporters barbares aux confins du cadre, pour prévenir les affrontements.
L'espace d'une scène, on ressent donc la violence du mouvement, les va-et-vients entre les différentes factions sur le "champ de bataille", et une véritable tension dans ce qui menace de s'embraser à tout moment.
C'est le seul moment assez brillant d'un film qui a en plus le malheur de cacher très mal son côté fauché (le manque de figurants est particulièrement criant).
Bref ça se regarde, et ça s'oublie très vite, même si le partie-pris de suivre des fachos burnés vs des fachos encore plus fachos, est plutôt dépaysant et original.