C'est tout le charme de la campagne anglaise, verte et bucolique, qui nous est révélé dans ce beau film en noir et blanc de Michael Powell : A Canterbury Tale.
On est en 1943 et deux soldats l'un Anglais l'autre Américain, descendent du train, plaisantant et riant, émoustillés par la jeune Allison qui vient travailler dans une ferme locale.
Le sergent Johnson se croit à Canterbury tandis que son homologue anglais rejoint son camp d'entraînement.
Il fait noir, et la jeune fille, désagréablement "baptisée" à son arrivée, va subir l'outrage de la colle, déversée par un personnage mystérieux, "the glue man", lequel ne tardera pas à être découvert en la personne du squire puritain et quelque peu excentrique : le juge Colpepper, qui se targue de punir ainsi la légèreté et l'inconséquence des "filles à soldat", qualifiées ainsi, dès lors qu'elles sont jolies et rieuses, tentatrices charmeuses qu'il ne supporte pas.
Sorte de conte moral où les trois jeunes gens réunis à Canterbury, au-delà du deuil ou de l'abandon que chacun pense avoir connu, recevront leur bénédiction.
Seul le squire, qui s'est pris pour un Dieu vengeur au bras armé, fustigeant la vie et ses plaisirs naturels, figé dans ses principes et sa rigidité de mauvais aloi, restera solitaire, face à lui-même, son mépris et sa morgue.
Musique superbe aussi, qui se mêlant au son des cloches sonnant à toute volée, nous emporte sur les ailes d'un lyrisme qui rend la fin on ne peut plus émouvante.