À cœur ouvert par Analytik
Pour son deuxième long-métrage, Marion Laine retombe une nouvelle fois dans le drame et dans nos cœurs. En effet, après Un cœur simple en 2008, c’est au tour d’A cœur ouvert de venir s’installer dans les salles obscures françaises. Après un résultat plutôt satisfaisant pour son premier film, que pouvons-nous attendre de celui-ci ?
L’amour au cinéma a toujours été une question existentielle. Pour de nombreux réalisateurs ces amours futiles, complices, âpres et parfois tendus ont toujours su se démarquer d’un classique mélodrame en donnant au passage une simplicité étonnante et inégalable à ces couples.
Malheureusement Marion Laine n’assume pas cet héritage et laisse ses acteurs en roues libres, jouant à leur guise une partition mal orchestrée. Le duo Juliette Binoche/Edgar Ramirez est peu convaincant dans A cœur ouvert où leur amour recherche à l’instinct et de façon masochiste cette autodestruction qui amène les personnages à des réflexions impossibles et difficilement envisageable. L’un, partisan de la théorie du complot contre sa propre personne et obnubilé par l’alcool et l’autre, femme se mentant à elle-même et à son entourage tout en regardant son couple, son futur enfant et son avenir foncer droit dans le mur ne réussissent pas à donner de la consistance au film. Nos deux acteurs principaux tombent donc dans un pathos pourtant complètement évitable au départ.
Aujourd’hui il y a l’amour, et l’amour de Marion Laine. Si le premier est universel, pas toujours facile à vivre mais diablement émouvant (comment ne pas évoquer ici Blue Valentine de Dereck Cianfrance), celui de la réalisatrice se démarque par ses faux-semblants et ses pirouettes pas toujours inspirées. A cœur ouvert tourne inlassablement en rond et donne ce tournis tant redouté aux spectateurs qui recherchaient sans doute une vision plus véritable d’un amour pourtant parfait à la base qui sombre petit à petit dans le chaos, jusqu’au point de non-retour.
Si on devait néanmoins féliciter Marion Laine sur une chose, ce serait le scénario. Inspiré et engagé, le postulat de départ étonne et laissait présager une belle aventure, dans la même verve que les plus beaux drames français.
Loin de là et après un film brouillon par sa mise en scène, c’est surtout la conclusion rapide d’A cœur ouvert qui surprend. Simpliste et déguisé en sorte d’échappatoire au véritable enjeu du film, ce final résonne encore dans nos têtes comme un coup de massue péjorativement parlant. Tomber dans le monde des rêves pour expliquer l’idylle tant convoité ne passe vraiment pas et donne au film A cœur ouvert son côté fantastique, comme si au fond, un amour comme celui-là n’existait pas et n’existera jamais tant il est difficile de le mettre en œuvre d’un point de vu rationnel.
A cœur ouvert est le résultant d’un film inachevé et mal orienté. Marion Laine se délaisse de ses idéaux et ne convainc pas à cause d’une fin trop vite conclue. Si la réalisatrice est indéniablement bonne scénariste, il en faudrait plus pour faire à nouveau chavirer nos cœurs.