Hyung-do est un company man, comme le titre l'indique. Cela veut dire un bon gros ravalement de son ego, un silence mortuaire de convenance pour son rôle de taciturne et une absence de vie privée assez épatante. Hyung-do est silencieux, écrasé par son métier et pourtant, ce métier, il est bien badass, puisque Hyung-do est tueur dans une companie qui gère le meurtre comme une OPA des plus agressives. Meeting d'organisation, planning et repas avec les collègues, pour souder l'équipe, le tout pour, sur le terrain, assassiner comme il faut la victime désignée. Seulement, comme on s'en doute, Hyung-do va bientôt découvrir les petits à-côtés de l'existence et tomber amoureux, bougre d'idiot, d'une demoiselle qu'il ne devrait pas approcher. Forcément, son boss décide alors de le ventiler et ce, malgré le fait que Hyung-do eut été employé du mois depuis un moment. Ca aurait dû lui mettre la puce à l'oreille, quand même.
Pas de surprises dans le récit, on est dans du "taciturne revenge" à 200%. Le héros a une classe mutique de l'enfer, il ne parle pas beaucoup mais réapprend au contact d'une jeune femme que parfois, un peu de vocalise permet d'éviter la rouille à ses cordes vocales, il maîtrise le corps à corps, les armes à feu, etc... et n'hésite pas à s'en servir. Il a ça dans le sens, le bougre. Du coup, on voit à peu près qui va faire quoi et même le petit retournement de situation dans le dernier tiers s'avère plutôt prévisible : ne vous attendez pas à être surpris, le récit est sur des rails dès les premières images, il ne les quitte pas. Cela dit, c'est plutôt agréable, sans être impressionnant : comme toujours, la caméra est maîtrisé, les acteurs sont bien dans le ton et si on est jamais pris au coeur, au moins, on a droit à un métrage solide et bien campé. Le cinéma coréen, même quand il ne fait pas dans l'original, est toujours de bonne facture, au point que s'en devient gênant pour les productions américaines !
La toute petite entorse à ce qui a été dit auparavant, c'est la surcouche "company man", qui vient un peu relever la sauce. Tout comme "A Bittersweet Life", le modèle assumé, présentait les errements d'un mec aimant le contrôle et se retrouvant pris de cours, "A company Man" montre la prise de conscience de Hyung-do de l'absurdité du système dans lequel il s'est tant engoncé qu'il ne parvient plus à s'en extraire sans faire face au vide de son existence. C'est très légèrement abordé, point trop n'en faut, avec toute la retenue que nos amis asiatiques éprouvent pour l'exposition des sentiments, mais plutôt intéressant, d'autant que cela fait un peu respirer le récit qui, sans ça, aurait été trop linéaire (il n'y échappe pas totalement, faut pas pousser !).
En outre, on se trouve face à un métrage plutôt mineur, de bonne facture néanmoins, qui permet de passer un bon moment sans trop s'emballer, avec une petite révision du statut de company man qui fera plaisir à toute personne travaillant dans un box et à un final osciant entre le grand-guignol et la revanche jusqu'au-boutiste. Plutôt chouette, mais pas aussi intéressant que son maître, dont il ne fait finalement que reprendre le leitmotiv.