En Los Márgenes accumule les lourdeurs tant du point de vue du scénario que de celui de son exécution, cultive l’urgence non comme la retranscription esthétique d’une réalité mais comme pure construction artificielle d’un dispositif à même de tenir ensemble plusieurs intrigues qui sinon ne convergent pas. Aussi la mise en scène échoue-t-elle à signifier, et son état d’alerte permanent relève davantage d’un emprunt au cinéma de Ken Loach ou au film Hors Normes (Olivier Nakache et Éric Toledano, 2019) que d’une vision singulière de la détresse sociale en Espagne. Les acteurs prennent des mines graves, parlent fort et suspendent la fin de leurs phrases comme si un mot de plus risquait de renverser l’univers tout entier… Juan Diego Botto a beau s’entourer d’un casting talentueux, l’absence d’émotion ressentie par le spectateur prend le pas sur le reste, causée en partie par une caractérisation sommaire des personnages. Un film complaisant malgré lui dans l’inhumanité combattue et représentée.