Les banquiers, ça fait chier. Particulièrement quand ils font saisir les logements de foyers précaires qui peinent à rembourser leurs crédits immobiliers. Caissière et mère de deux enfants, Azucena fait tout pour éviter d’être expulsée pour défaut de paiement. Dépassé par son agenda d’avocat engagé socialement, Rafa ne parvient plus à s’occuper de sa compagne enceinte et de son jeune beau-fils. Délaissée par son mari, Azucena doit s’en remettre à la solidarité d’une association luttant contre ces expulsions pour garder son toit. Malgré ses obligations familiales, Rafa doit retrouver urgemment une jeune femme de ménage immigrée dont la fille risque d’être placée en foyer. Pour éviter le pire, les deux Madrilènes s’engagent dans une course-poursuite contre le temps et l’injustice sociale, quitte à délaisser leurs santés et leurs proches. Au rythme d’un thriller fiévreux, le film de Juan Diego Botto délivre une critique acerbe des politiques du logement en Espagne, porté par une étourdissante et déchirante Penélope Cruz. Sans donner de chair à l’ennemi que sont les banques et l’État libéral, le réalisateur argentin déroule un scénario palpitant et crédible sur une problématique sociale méconnue, sans manichéisme ni misérabilisme mais de façon foncièrement universelle. Contre les banquiers qui serrent les cordons de la bourse, il faut bien serrer les coudes. Il en va de même contre les CRS.