Tout partait si bien avant de chuter dans le n'importe quoi...

Il est très difficile pour un réalisateur de se relever après un échec commercial (et un chouïa critique) aussi retentissant que Lone Ranger. Et ce même si par le passé il a su convaincre avec une trilogie devenue culte (Pirates des Caraïbes) et un film d’animation inventif (Rango). Mais Gore Verbinski a tenté de revenir sur le devant de la scène en se replongeant quinze ans après Le Cercle – The Ring dans le thriller horrifique. Un retour pour le moins attendu, étant donné que le synopsis et les bandes-annonces laissaient prétendre à un divertissement grandement maîtrisé et surtout prenant, se rapprochant sans mal du Shutter Island de Martin Scorsese. Mais après avoir vu A Cure for Life, la « résurrection » tant espérée du cinéaste se présente finalement comme un coup dans l’eau : tant d’effort et de travail pour un effet sans conséquence…


Pourtant, avec ce long-métrage, Gore Verbinski avait suffisamment de cartes en main pour impressionner l’assistance. Outre une base scénaristique intrigante (j’y reviendrai plus tard), le réalisateur prouve une nouvelle fois qu’il a du savoir-faire, et ce depuis longtemps. Il suffit de voir à quel point le bonhomme met tout en œuvre pour offrir à son long-métrage une ambiance malsaine et mystérieuse digne de ce nom. Par le biais des énigmatiques compositions de Benjamin Wallfisch mais surtout par la somptueuse photographie de Bojan Bazelli, qui met en valeur des décors glauques et glacials à souhait. Sans oublier certaines séquences gores qui ne laissent pas indifférent en termes de mise en scène et d’effet spéciaux. Ajoutez à cela un casting pour le moins convainquant, et vous obtenez un thriller qui, sur la forme, tient admirablement la route. Le tout se révèle même prodigieux aux vues de son aspect général, qui donne l’impression d’un spectacle hollywoodien alors que de petits studios et un budget plus conséquent (40 millions de dollars) ont alimenté le projet. Un travail d’orfèvre, à n’en pas douter… se retrouvant bâclé par ce qui aurait pourtant dû être le point fort du film, à savoir son scénario.


Dès les premières secondes d’A Cure for Life, le spectateur se retrouve happé dans l’intrigue grâce aux atouts cités plus haut. Une histoire si étrange et prenante qu’il est quasiment impossible de porter notre attention ailleurs. Et il y a franchement de quoi faire avec ces personnages mystérieux, ce suspense efficace et ses phénomènes au bord du paranormal (la vision du cerf au sauna). Mais le script, au bout d’une bonne demi-heure, commence dévoiler certaines de ses faiblesses. En éventant bizarrement ce fameux suspense par le biais de détails scénaristiques trop appuyés et pour le coup évocateurs. Un fait que vient, par moment, renforcé la mise en scène de certains passages, avec des plans révélateurs à souhait (au sujet de la menace qui pèse, des intentions de quelques personnages secondaires…). Du coup, voyant que le spectateur commence à détourner le regard, le film tente d’attirer une nouvelle fois l’attention sur lui, mais de manière grotesque. À base de clichés horrifiques mille fois vus (la scène de la cuve), de jump scares attendus et de séquences gores un peu trop gratuites (le coup du dentiste).


Et plus le long-métrage avance, plus vous vous rendrez compte que celui-ci ne sait pas ce qu’il veut vous raconter. Où il veut amener son récit. À trop tirer sur la corde, le film va petit-à-petit enchaîner les longueurs pour tenter de rattraper le tir et malheureusement proposer une cascade de révélations qui feront perdre toute crédibilité à l’entreprise. Pire, l’histoire d’A Cure for Life, ne sachant plus quoi dire, part dans toutes les directions possibles à tel point que les intrigues secondaires se montrent inutiles comme ce n’est pas permis (mention spéciale à celle portée sur la mère du héros). Que la majorité des scènes n’ont plus aucun sens (principalement celles avec les anguilles) et se suivent de manière bancale. Que la dernière partie du film s’étire par le biais de révélations plus grotesques les unes que les autres. Et ce pour finir sur un dénouement au combien ridicule, tout droit sorti d’une série B. Au lieu d’un « waouh ! » de stupéfaction comme ce fut le cas avec Shutter Island, cela sera plutôt un « pfff » moqueur et désespéré ou carrément un fou rire qui vous sortira de la bouche une fois le générique de fin pointant le bout de son nez (si ce n’est pas déjà fait avant).


Il est pourtant difficile de cracher sur A Cure for Life, surtout avec tout le travail artistique fait autour et l’ambiance qui s’en dégage. C’est d’ailleurs grâce à cela que s’il venait un jour à devoir se relancer dans son visionnage, cela se fera sans difficulté. Mais dans ce cas-là, il vous faudra réaffronter le scénario et sa longue descente dans le grand n’importe quoi qui fontt tant défaut au film. La meilleure des solutions serait même de le couper trente minutes avant la fin afin que la pilule passe, c’est pour dire ! En tout cas, ce n’est certainement pas avec ce long-métrage que Gore Verbinski reviendra sur le devant de la scène, le réalisateur devant une nouvelle fois affronter la dure loi du box-office (le film a à peine rentabilisé la moitié de son budget avec ses recettes mondiales) et des critiques, qui n’ont pas été tendres avec lui (à juste titre).

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le 8 avr. 2017

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