Vingt ans après la défaite de Voldemort, Lucius Malfoy s'est coupé les cheveux et a transformé Poudlard en un sanatorium qu'il dirige d'une main de fer. Et si le basilic n'est plus là pour zoner dans les murs, des anguilles dégueus en profitent pour frayer dans le moindre litre d'eau qui traine.
Harry Potter étant sans doute trop occupé à contrecarrer les voyages temporels de son fils c'est, une fois n'est pas coutume, un type avec une tête de jumeau maléfique de Di Caprio qui va venir fourrer son nez dans un business qui tournait pas mal jusque là.
Et en plus c'est un moldu.
Venu pour exfiltrer son patron il se retrouve lui-même interné, suite à l'intervention malencontreuse de Cornedrue. Enfin, malencontreuse ou pas on ne sait pas, et même si dans la scène suivante le bureau de Lucius est blindé de bibelots cervicornes on n'en saura pas plus sur cet accident survenu fort à propos.
Comme on n'en saura pas davantage sur la scène d'ouverture montrant un type lambda mourir d'une crise cardiaque quelques instants après avoir caressé du doigt en gros plan le sceau du sanatorium. Apparemment c'était juste pas de bol, mais cette fois un pas de bol inutile à l'intrigue.
C'est là où le parallèle avec les précédentes histoires où intervenait Lucius ne fonctionne plus. Contrairement aux Harry Potter, les événements "mystérieux" qui surviennent en cours d'aventure ne trouvent ici aucune explication dans la résolution de l'intrigue.
Si les Harry Potter étaient de parfaits manuels du "set-up / pay-off" pour les nuls, là on est face à du "set-up / ah-non-en-fait-ça-servait-à-rien".
On ne saura jamais pourquoi la Mimi Geignarde du sanatorium fredonne la même petite mélodie sinistre que la boite à musique de la maman de Moldu dans un flashback.
On n'aura aucun éclaircissement sur la séquence fantasmagorique dont Moldu fait l'expérience dans les bains de vapeur. Rien n'indique qu'il hallucinait et aucun élément du dénouement n'explique que les portes de la pièce aient pu disparaître subitement pendant qu'un patronus de cerf (encore) traversait la salle.
Tout comme on ne saura jamais pourquoi, dans une seule séquence, tous les patients passent en mode zombies.
Et à quoi ça sert de répéter trois fois dans le film que la petite figurine de danseuse "a les yeux fermés parce qu'elle rêve mais elle ne le sait pas ..." ?
...
Le film regorge ainsi d'éléments qui semblent pointer du doigt quelque chose, un mystère à résoudre, une piste à suivre, mais ne servent en fait strictement à rien à part générer des trucs bizarres pour renforcer artificiellement l'ambiance glauque.
A moins qu'ils aient été sciemment intégrés en tant que fausses pistes.
Si c'est le cas, vouloir induire en erreur le spectateur peut tout à fait se justifier mais c'est problématique de le faire au détriment de la cohérence du scénario.
Et tromper le spectateur en lui mettant sous le nez des éléments qui augurent d'une résolution élaborée et complexe, pour au final lui balancer une fin grotesque et incompréhensible qui ne tient pas compte de tout ça, c'est se tirer un avada kedavra dans le pied.