Après avoir fait une overdose de johnnydeppoïne (une drogue surpuissante qui vous fait voir des pirates et des indiens délirants partout), Gore Verbinski a decidé de partir faire une cure de jouvence pour se ressourcer. Eh oui, il ne faut pas oublier que "A Cure for Life" n'est pas la première incursion du bonhomme dans le cinéma de genre : son remake du film japonais "The Ring" en 2002, "Le Cercle" avait été couronné de succès et, s'il était très loin d'égaler qualitativement -et aussi en termes de frissons- son modèle, Verbinski avait tout de même prouvé sa capacité à instaurer une vraie belle ambiance dans le registre de l'épouvante.


On est donc plutôt heureux de le retrouver aux commandes de ce qui va se révéler être une contre-offre assez étonnante du cinéma horrifique à tendance commerciale américain. Que "A Cure for Life" ait pu être distribué par un studio tel que la Fox relève presque de la pure aberration tant le film se permet d'aller étonnamment loin sur certaines thématiques sujettes à un certain malaise . Verbinski ne semble rien s'interdire dans la représentation de son récit et c'est sans doute ce vent de liberté et de générosité inattendu qui fait le charme premier du long-métrage.
D'une splendeur incontestable, "A Cure for Life" est un film d'asile au visuel intemporel de par son contexte en autarcie (un château reconverti en mystérieux centre thermal perdu au fin fond de la Suisse) et de par sa relecture contemporaine de la folie des classiques du genre (les dédales du bâtiment synonymes des méandres de notre esprit ou le personnel médical inquiétant à souhait exerçant son influence sur des clients richissimes). Cette réussite formelle vectrice d'une ambiance terriblement glauque ne quittera jamais "A Cure for Life" et, même si Gore Verbinski en fera sans doute un peu trop dans la dernière partie, cela restera son principal atout constant au contraire d'un récit qui va vite trouver ses limites.


Le gros problème de "A Cure for Life" réside dans sa durée excessive couplée au déroulement de son intrigue. Nul besoin de chercher une anguille dans une botte de fous (non, je ne m'excuserai pas de ce jeu de mots !), le film livre de bien trop nombreuses clés à la résolution de son mystère dans son premier tiers. À moins d'être un spectateur très naïf, il est quasiment impossible de ne pas comprendre où toute cette histoire veut nous emmener tant le scénario appuie grossièrement sur certains développements. Pire, Verbinski commet une erreur tellement flagrante de mise en scène à mi-parcours qu'elle vient hélas confirmer tous nos doutes si besoin en était (*SPOILER dès les premiers instants, le film dans son intégralité nous est quasiment présenté par la perspective du personnage de Dane DeHaan et arrive une scène révélatrice en plein milieu entre deux autres protagonistes où il n'est pas présent *).


Et, dans un long-métrage de 2h30, avoir compris le pourquoi du comment au bout de seulement une heure pose un vrai souci pour maintenir notre intérêt sur la durée restante. Si les qualités visuelles évoquées plus haut et une montée en puissance dans les séquences glauques parviennent à faire illusion, l'évolution du héros devient redondante en multipliant les va-et-vient incessants entre l'acceptation de sa condition et sa volonté de s'en sortir, quelques facilités font leurs apparitions (ou se font plus remarquer, c'est selon) comme ces mini-ellipses plaçant toujours notre pauvre captif au bon moment et au lieu opportun pour permettre d'accélérer les révélations.
Dans un sens, ces défauts peuvent être aussi considérés comme des qualités car ils permettent d'explorer à fond tous les détails de l'univers mis en place mais avoir un temps d'avance trop important sur les révélations finales ôte considérablement du charme à l'ensemble.


Mais rien que pour le fait d'aller complètement à contre-courant de la vague des teen-bidules/remakes/reboots et autres found-footages sans âme habituels dans lequels le cinéma US d'épouvante s'est enfermé, "A Cure for Life" est incontestablement un film à découvrir, une véritable proposition intelligente de cinéma qui, on le répète, apparaît comme une anomalie de la part d'un grand studio et qui, on l'espère, ne restera pas un cas unique en cas de succès au box-office américain.

RedArrow
7
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le 26 oct. 2017

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