Aujourd'hui, Richard Marquand doit surtout sa notoriété au fait d'avoir été choisi par George Lucas pour réaliser le troisième opus de Star Wars : Le Retour de Jedi. Dans sa courte carrière (il est décédé à 48 ans), après avoir longtemps été à la télévision, il aura tenté sa chance à Hollywood, notamment avec Jagged Edge où il met en scène un procès médiatisé où une avocate va peu à peu tomber sous le charme de son client accusé du meurtre de sa femme.
Malheureusement Richard Marquand n'est pas Hitchcock et si son thriller rappelle un peu le maître du suspense, notamment Soupçons, on en est tout de même très loin. Après avoir rapidement mis en place le contexte (ouverture sur la scène de meurtres, arrestation, avocat etc), on rentre peu à peu dans le procès et c'est là que le bât blesse. Entre multiplications de twists qui perdent peu à peu en saveur, quelques ficelles scénaristiques un peu trop prévisibles et exagérées ainsi qu'un équilibre trop fragile entre les différents tons, Jagged Edge laisse plus de regrets qu'autres choses.
C'est dommage car le début laissait entrevoir de belles possibilités et l'ensemble reste tout de même, et tout le long, efficace, avec quelques moments de tensions bien senties malgré une fin qui faiblit clairement. Marquand se montre assez habile pour mettre en place un jeu entre l'avocate et son client, et c'est clairement là que le film est le plus intéressant, et nous emmener dans différents pièges où il sera question de meurtres, de sexes et d'accusation. C'est donc d'autant plus dommage que le film reste un peu trop convenu, et ce malgré un certain savoir-faire et une galerie de personnages plutôt intéressante.
L'un des problèmes de Jagged Edge, c'est qu'il fait partie des précurseurs de ce genre de thriller sulfureux où sexe et twist faisaient bon ménage, à la mode entre la fin des années 1980 et début 1990. Donc, après avoir vu les Liaison Fatale, Harcèlement ou autres Basic Instinct (dont c'est le même scénariste), difficile de ne pas être lassé par une oeuvre correcte mais qui ne transcende jamais ce qu'elle met en images. À noter tout de même les bonnes performances, tant un charmeur et troublant Jeff Bridges qu'une tenace Glenn Close ainsi que Peter Coyote.
Sans génie mais réalisé avec un certain savoir-faire, Jagged Edge laisse tout de même quelques regrets, Marquand signant une oeuvre trop convenue et prévisible, et, pour un film qui se base énormément sur les retournements de situations, c'est assez préjudiciable.