Revoir ce film après 35 ans est bénéfique car je l'avais plus ou moins oublié. Un constat s'impose : il est très marqué par son époque de réalisation et va devenir un peu le modèle des films de procès qui suivront à Hollywood dans les années 80 et 90 ; il suffit de penser à Suspect dangereux, le Mystère von Bulow, Des hommes d'honneur, Présumé innocent, la Jurée, le Droit du tuer?, Peur primale ou encore les Fantômes du passé et le Maître du jeu (au début des années 2000)... Les Américains adorent les films de prétoire, il faut dire que les rouages de la justice américaine sont tellement retors que ça en devient fascinant.

Ici, il s'agit du meurtre sauvage au couteau d'une riche héritière de San Francisco et de son mari accusé qui va être défendu par une ténor du barreau qui a une revanche à prendre sur son ancien patron devenu procureur. Le meurtre est partiellement montré au début car ce n'est pas ce qui intéresse le réalisateur qui se focalise sur le procès ; un procès passionnant, émaillé de rebondissements dosés, d'un suspense habile entretenu jusqu'à la toute fin, et d'une interprétation remarquable, le tout dans un unique décor de salle d'audience.

Passant du drame criminel au film à suspense, abordant diverses thématiques reliées au monde de la justice, et mêlant quelques éléments de polar néo-noir, le scénario est d'une grande efficacité. Ecrit par Joe Eszterhas qui avait déja commis un scénario de film de procès (Music Box) mais surtout connu pour être l'auteur du sulfureux Basic Instinct, ce scénario prend plaisir à conduire le spectateur sur de fausses pistes jusqu'à un retournement de situation aux ficelles sans doute un peu faciles.

Mais le vrai défaut de ce scénario tient à ce que les 2 protagonistes, l'accusé et son avocate, entament une relation amoureuse, il y a là une question d'éthique qui me dérange un peu, en tous cas, Jeff Bridges manipule habilement Glenn Close. Mis à part ce petit défaut, je ne vois pas grand chose de grippé dans cette histoire qui se révèle digne d'Hitchcock, Richard Marquand ne l'égale certes pas, mais il n'en est pas loin, réussissant un thriller fort bien mené. Il est connu pour avoir été choisi par George Lucas en 1983 pour réaliser le Retour du Jedi, et aussi pour un excellent film d'espionnage de guerre en 1981, L'Arme à l'oeil. La force du film tient aussi à son casting : Bridges en accusé beau gosse, Glenn Close en avocate intègre, Peter Coyote en proc ambitieux qui vise un poste de sénateur, Robert Loggia en vieux détective privé démerdard, John Dehner dans le rôle du juge, et même dans les 3ème rôles parfois anecdotiques, on retrouve Lance Henriksen, James Karen, Leigh Taylor-Young, Marshall Colt et le jeune Brandon Call... Voila donc un polar captivant comme on n'en voit plus guère de nos jours.

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Ugly

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