J'aurais toujours envie de défendre des films tels que "Jagged edge", car ils représentent mes premières amours, le type de cinéma que j'aimais lorsque j'étais très jeune, rempli de meurtres sanglants, de rebondissements improbables et de "Objection, votre honneur!".
En effet, "A double tranchant" est un mélange de thriller et de film de prétoire, qui ne craint pas les clichés ni les grosses ficelles.
A San Francisco, un homme bien sous tous rapports (Jeff Bridges) est accusé du meurtre de sa femme, dans le but évident de toucher l'héritage. Seulement, un procureur ambitieux et sans scrupules (Peter Coyote) est bien décidé à le faire condamner, et à surfer sur cette affaire en vue des élections sénatoriales. Heureusement, une avocate d'affaires (Glenn Close) ayant abandonné le pénal quatre ans plus tôt à la suite d'une sombre histoire (implicant le fameux procureur, je vous le donne en mille), va tout faire pour sauver l'honneur et surtout la tête de ce client fort séduisant.
On est d'accord, tout ceci n'a rien d'original, mais on passe quand même un vrai bon moment en compagnie de ces comédiens estampillés années 80. Si on pourra regretter le choix de Glenn Close, une actrice qui a du talent mais zéro sex appeal, il faut reconnaître que Jeff Bridges était vraiment l'incarnation du beau gosse à la cool en 1985.
Signalons au passage que la réalisation du britannique Richard Marquand a plutôt bien vieilli, deux ans après "Le retour du Jedi" : par exemple, nulle trace à l'écran de scories typiquement eighties telles que les choucroutes permanentées... La mise en scène est sobre et efficace, au service du scénario machiavélique imaginé par Joe Eszterhas ("Basic instinct", "Showgirls", "Music box"...).
Pour résumer, "Jagged edge " est loin d'être un grand film, on est clairement dans le registre du thriller hollywoodien grand public, mais l'ultime long-métrage de Marquand s'inscrit parfaitement dans son époque, et préfigure d'ailleurs de nombreux films de procès dans la décennie à venir.