À fleur de mer par Teklow13
Au Portugal, dans une belle villa au bord mer, Laura, une jeune veuve italienne, passe ses vacances avec ses deux enfants et ses deux demi-sœurs. Un jour, alors qu'elle prend le soleil sur la plage, un canot pneumatique dérive vers elle. A l'intérieur se trouve un Anglais mystérieux, Robert, visiblement recherché par la police pour un attentat. Elle décide de le cacher chez elle.
Monteiro surprend avec ce film, très différent de ses films suivants marqués par le personnage de Jean de Dieu. Il réalise ici un grande œuvre romanesque, solaire et ténébreuse, douce et mélancolique. C'est un film de rencontre, un film d'amour mais aussi un film de fantôme, proche de celui de Mme Muir. Le personnage du mari défunt est absent mais il hante chaque plan. Son absence, sa disparition, se substitue à une apparition, celle de Robert. Cet homme, venu de nulle part, de l'horizon, de la mer, est peut être pour Laura le retour matériel d'un amour passé. Un amour s'évapore dans les flammes et réapparaît, revient vers elle, bercé par la douceur des vagues. La première chose qu'elle fait c'est de lui passer de l'eau sur le visage. Une eau qui obsède, qui donne des remords et qui fascine. Un geste qu'elle n'aura pu faire pour sauver son mari. Mais cette apparition c'est peut être aussi la promesse d'un nouveau départ, d'une nouvelle aventure. A fleur de mer parle de fantômes, mais également de pirates, c'est un film de flibustiers, un film qui sent bon l'air du large. Laura est le trésor sur son île que viennent conquérir tour à tour le beau capitaine sur son navire abandonné et les pirates avident de chair et de sang.
A fleur de mer est également marqué par l'idée de passage, pas seulement car le mari, qui accompagne les pensées de Laura s'appelle Virgile. Un passage de frontières, qui semblent toutes abolies. On est au Portugal mais l'on évoque Rome, la Suisse, le désert, l'extrême Orient, on y parle portugais, italien, anglais ou Allemand. Et pourtant on quitte rarement cette maison. Le seul horizon visible, le seul sentiment d'évasion matérialisé, est l'immensité de l'océan.
Et le passage de seuil. Le monde et le nouvel horizon que l'on voit à travers une porte ouvert, une fenêtre. Franchir ce seul comme un nouveau départ. C'est tout ce que raconte le film. Et c'est d'autant plus douloureux de voir, à la fin, l'amour franchir ce seul, aller vers la clarté, alors que Laura referme la porte pour rester dans l'obscurité.
C'est un film sublimissime !!!!