Ce qui reste
Un simple drap pour raconter une histoire de fantôme. Comme si nous étions revenus à l'âge de l'enfance. Mais une histoire comme aucune autre. C'est une histoire sur ce qui reste. Comme la lumière...
le 10 janv. 2018
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A Ghost Story se taille depuis quelques temps maintenant une petite réputation de film singulier sur la mort et le genre cinématographique auquel il ne se rapporte au final pas.
L'une des multiples bonnes idées du film est sa simplicité, un homme mort revient dans sa maison avec le drap de la morgue encore sur la tête, sans que personne ne soit en mesure de le voir, commencera alors son périple après la mort. Périple est un bien grand mot, puisque le film adopte une approche presque expérimentale de la narration, la réduisant au strict minimum et étirant de nombreuses scènes en longueur. Puisque le temps est un des enjeux majeurs du film, la construction temporelle se trouve très soignée, un simple champ suivit d'un contrechamp de plusieurs années d'écart, ou bien des raccords qui font glisser notre personnage d'un lieu à un autre sans cohérence spatiale. La séquence la plus magnifique du film voit en l'espace de quelques minutes, la destruction d'une maison et la construction d'un immense complexe industriel à la place, avec notre personnage errant au milieu, sans émotion apparente (avec un drap sur la figure ce serait difficile), ce qui permet une projection du spectateur encore plus poussée (scène malheureusement ruinée par sa conclusion) . L'autre idée aussi géniale que bouleversante sont les dialogues avec la voisine simplement sous-titrés, voisine qui elle aussi attend inlassablement sa famille, aucun effet, aucune musique, un simple champ-contrechamp suffit.
Mais tout ceci ne constitue malheureusement qu'une portion du film. Le reste est constitué soit de scènes qui servent plus de remplissage qu'autre chose, ou bien de scènes aux effets beaucoup trop appuyés et poussifs. Concernant la case remplissage je demande la scène avec la famille mexicaine (ou espagnole) emménageant dans sa maison, qui est incroyablement ridicule,
(le cassage de vaisselle par le fantôme, sûrement le plus grotesque)
de même pour toutes les scènes de transition comme celle de la fête, où un individu nous explique l'importance de l'art comme lègue pour les sociétés futurs, merci mais non merci. Concernant la finesse on repassera aussi, puisque excepté les scènes mentionnés d'une justesse rare, le film nous assomme d'une musique sans inspiration, et d'une histoire très convenu
(il aime trop la maison pour partir...), qui finit par nous achever avec l'utilisation d'une boucle temporelle aussi grotesque qu'inutile.
C'est lorsque le film court après l'émotion qu'elle finit par lui échapper et inversement, en témoigne l'émouvante simplicité des dialogues avec la voisine. Dommage que l'auteur ne respecte pas la fameuse maxime de Bresson (ici en titre) pour l'intégralité de son film.
Le film n'ose pas aller jusqu'au bout de son concept, il aurait fallu plus d'épure, plus de simplicité, mais est-ce que l'on aurait eu un long métrage ? C'est peut-être cela le problème.
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le 3 janv. 2018
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