A Girl Like Her
6.4
A Girl Like Her

Film de Amy S. Weber (2015)

Une pédagogie dramatique tout en prévention.


Je ne sais pas pourquoi elles me détestent autant?!



Pas évident de présenter ce film bouleversant de bout en bout. La symbolique saisissante d'A Girl Like Her vient de sa construction véridique qui pourrait être la véridique histoire de millions de gens victime du harcèlement dans leurs vies. La technicité du tournage a été dirigée de manière à sensibiliser sur la nécessité totale de ne jamais laisser dans l'ombre ce genre d'agression, une pédagogie dramatique cinématographique artistique bienvenu. À savoir que ce titre a été choisi comme support de prévention à la sensibilisation contre le harcèlement en école.


Réaliser par Amy S. Weber qui a réellement su maîtrisée est sujets en dénonçant un vrai problème de société mondial toujours plus présent dans les écoles, les lycées, les universités... et dont on ne parle pas suffisamment en France ""le harcèlement"". Tant de personnes qui fuguent, deviennent fou ou se suicide à cause d'une forte et constante oppression. Tant de fois l'on retrouve dans les faits divers des articles présentant des enfants adolescents ayant mis fin à leur vie pour mettre un terme à leur souffrance due à un harcèlement. Une atteinte qui prennent plusieurs formes, autant physiques que virtuel avec les réseaux sociaux. De trop nombreux cas sont à déplorer et peu de sensibilisation et de sécurité sur le sujet sont à constater (même s'il commence à avoir un départ de prévention dans les établissements scolaires). En cela je tiens à saluer la performance de réalisation d'Amy S. Weber qui grâce au found footage utilisé apporte une notion dramatique et personnelle.


Une approche documentaire réaliste qui ne délaisse pas pour autant son aspect cinématographique histoire de ne pas oublier qu'on regarde avant tout un film. Même lorsque la structure narrative se transforme en un plan documentariste, le film fini par s'en détaché pour reprendre sa forme initiale. Il est bien de souligner lorsqu'un found footage apporte un vrai plus à une oeuvre et c'est le cas ici. La performance graphique sans être incontournable livre des couches visuelles centrées sur un cadre fixe mise en scène dans une texture basée sur le sens du mouvement intelligent. Plus précisément le long métrage se scinde en deux arts visuels bien distincts, une se rapprochant au plus près des visages dans des plans souvent serrés, et l'autre à la première personne comme pour un jeu vidéo. Un mélange intéressant pour un found footage car il ne se contente pas que de faire de la 3ème personne. Au final cela confère une réelle texture graphique intelligente qui sait se renouveler. Le tout sert d'une narration captivante incarnée par une distribution qui apporte une vision vraiment troublante de vérité.


Je dois dire que la scène d'introduction m'a un peu dérouté, voire troublé, car j'avais l'impression de regarder un vrai documentaire avec de réelles personnes et non des acteurs tant ils sont super naturels. Une sacrée maîtrise. Au fur et à mesure que le film avance, la mise en scène qui donnait un effet illusoire de documentaire réel finit par se détacher et à livrer une performance très personnelle et émotive, on oublie même que la caméra est là et on se retrouve projeté à la place de l'héroïne grâce à cette immersion. On souffre alors avec elle. Dès lors, on assiste à un petit coup de génie de la réalisatrice qui nous projette dans la peau d'une victime mais aussi de son harceleur. Le traitement est juste impeccable et profond agrémenter d'une bo signé David Bateman qui livre quelques musiques de fond efficace (ce qui est rare pour un found footage préférant en général se passer de musique) ce qui permet de plonger plus encore dans l'ambiance. Les personnages(un point fort de cette oeuvre), nous propulse littéralement à travers le récit. Une belle prouesse nuancée par l'écriture autour de leurs personnalités ce qui contribue à dégager les clichés du genre tout en insufflant un vent de fraicheur morose.


Les deux jeunes comédiens principaux sont surprenantes! Elles offrent de solides performances allant jusqu'à nous faire croire que tout est réel tant elles sont sincères et naturelles.
Et là où se situe le coup de génie c'est que la réalisatrice Weber ne cherche nullement à diaboliser l'antagoniste Avery Keller(incarnant la harceleuse jouée par une Hunter King incroyable), bien au contraire, elle cherche plutôt à aller dans la compréhension de son personnage et dans le pourquoi du comment elle en vient à commettre ses agressions. Elle est donc elle-même plongée dans le rôle de victime mais sans pour autant excuser ses actes, là est vraiment l'avantage dramatique positif de cette oeuvre. Car plutôt que de diaboliser son méchant de l'histoire comme tout autre réalisateur auraient cherché à faire en la faisant renvoyer de son école ou enfermer à la fin, elle nous propose plutôt de voir à travers ses yeux, son ressentiment, sa haine et sa culpabilité. Pour la première fois au lieu de voir au travers des yeux de la victime, l'on voit à travers de celui de son bourreau et c'est vraiment troublant voire même dérangeant par moments car on en est mal à l'aise.


La victime Jessica Burns jouée par une Lexi Ainsworth admirablement convaincante nous propose une prestation touchante mais dure d'un personnage qui malgré tout le mal qu'il lui est fait se sent honteuse et embarrassée. Pire encore, puisqu'elle pense que tout est de sa faute et que c'est parce qu'elle ne vos riens qu'on l'agresse, alors que c'est pourtant elle qui est en proie à une violence incessante. À girl Like Her montre comment cette douleur émotionnelle intense, en combinaison avec la proscription sociale et taboue du harcèlement, pourrait laisser quelqu'un se sentir isolé et sans aucune échappatoire, même quand ses parents sont gentils et aimant, ou finalement la victime ne trouve que le suicide comme chemin de salut. C'est Netflix qui m'aura fait découvrir ce film dont je n'avais jamais entendu parlé. Une oeuvre ne possédant pas de doublage français et ce n'est vraiment pas plus mal.


CONCLUSION :


Je n'ai strictement rien à reprocher à ce film qui démontre le talent de la cinéaste Amy S. Weber qui propose une réalisation à part entière pourvu d'une technique intelligente et innovante. Un film sensible et émouvant sur le harcèlement au lycée et ses conséquences. Le récit est construit en partie comme un documentaire sans pour autant l'être et nous plonge dans les méandres d'un sujet tabou et pas assez pris au sérieux. Selon moi "A GIRL LIKE HER" devrait être diffusé dans toutes les enceintes scolaires car le film est tellement impactant et personnel sur les conséquences désastreuse que peut engendrer un harcèlement que je suis certain que cela en ferait réfléchir plus d'un. Impossible de rester insensible devant ce spectacle qui certes reste limité par sa condition mais le fait si bien.

B_Jérémy
8
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le 16 mars 2019

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