Avouons qu'un film en noir et blanc qui se déroule en Iran et qui traite de vampires n'est pas chose commune ! Et le sujet s'avère maîtrisé et esthétiquement de toute beauté.
Ici on parle de solitude. Un sentiment qui n'épargne personne dans le film comme elle n'épargne personne dans notre société actuelle. Les personnages sont souvent seuls dans le cadre et quand ils ont la chance d'être avec un autre, le binôme est la seule combinaison possible. Ils sont deux certes... Mais pourtant seuls. Des dialogues rares et avares de mots. Le père, drogué et prostré face à ses souvenirs ; son fils essaient de réparer les erreurs de son père et vit de petits boulots chez une famille riche où la fille vit dans l'apparence, la drogue et l'opulence sans qu'aucune relation ne soit possible entre eux ; la prostituée qui rêve d'une autre vie mais qui semble prisonnière de sa condition ; etc. Tous sont seuls mais tous sont liés paradoxalement par un être : la fille voilée, l'incarnation de la solitude, du silence et de la mort. Elle suit les personnages. Au début menaçante puis très vite protectrice. Comme si elle choisissait cette solitude pour aider les autres ; comme si sa malédiction était de tout savoir du malheur des autres sans qu'aucun ne s'intéresse au sien.
Ce film est un ovni, une mélange de toutes les cultures de la solitude : le western où les héros évoluent seuls dans de grands espaces désolés ou encore l'image du mime repris par la vampire comme un miroir pour les autres personnages. Même les tenues, les coupes et l'allusion à James Dean n'arrivent pas à rendre l'effervescence des Etats-Unis des années 50 mais semblent au contraire présentes comme un contrepoint accentuant la futilité des personnages qui essaient de se créer un monde un peu moins vide et triste par l'omniprésence d'accessoires et d'objets autour d'eux.
Ce film représente la solitude de notre monde. Le vampire en est l'image parfaite.