Johnnie To réalise un polar en demi-teinte. La réalisation est sobre mais pas personnalisé. Il n’y a pas cette touche qui rend le film particulier. Les scènes d’actions sont justes mais elles ne parviennent pas à enrayer le ridicule de la première partie qui rend la réalisation d’un pathétique hébété. Les scènes en Thaïlande censées être humoristiques notamment la balle dans le pied s’avère tellement… sans commentaire. Le face à face entre Lau Ching-Wan et Leon Lai qui après avoir froissé de la tôle avec toute leur intelligence s’affrontent dans un bar dans un : je te casse ton verre de vin après tu casses le mien, c’est toujours mieux que de le boire sachant que le mien est meilleur que le tien… Wouah ! Quel face à face d’anthologie et tout aussi original… nan, en vérité c’est pathétique. Pour info, Johnnie To est un grand amateur de vin. Fin de l’info qui ne sert à rien. A Hero Never Dies est d’un ennui navrant. Encore plus, avec ce genre de scènes qu’on nous assène pompeusement dans le seul but de développer une pseudo-amitié entre les personnages principaux. Scènes censées créer chez le spectateur une forme de compassion à leur égard. Ces échanges sonnent creux et on est pressé de passer à la suite. On commence mal sans parvenir à être touché par ces personnages.
Là où A Hero Never Dies devient plus intéressant, c’est une fois que Lau Ching-Wan et Leon Lai sont abandonnés par leur boss respectif, trahis en somme. On n’extrapolera pas ici les évènements qui amènent à cet abandon, bien qu’il soit d’un bateau monstre. Mais le film parvient tout de même à dégager une force toute singulière, renforcé d’un degré supplémentaire avec la disparition de leur bien-aimée. Là, les choses sérieuses commencent. On y voit deux hommes qui sont au bout du rouleau, dont un Lau Ching-Wan cul-de-jatte. Ce dernier s’apparente, à mesure que le métrage avance à ces héros handicapés qui parcourent bon nombre de cinématographies. Durant sa convalescence et sa reconstruction, on pense notamment à des films comme One-armed Swordsman. Martin y gagne l’envie de vengeance comme moteur pour avancer. Un leitmotiv qui prendra alors le pas sur le reste. Johnnie To y développe un récit fort avec une dimension humaine, c’est à ce moment qu’il parvient à créer une sympathie pour ces « héros » qui se retrouveront pour faire couler le sang. Des « héros » qu’on aura alors vus au plus bas et au plus mal. Malheureusement ce sursaut récréatif arrive sur le tard.
La scène finale qui clôture ce A Hero Never Dies se fait avec un sentiment mitigé (la scène) et nous laisse ce même goût à la fin du générique (sur l’ensemble du film). Finalement, ce Johnnie To restera l’un de ses films moyens, un film bancal en somme. Tout n’est pas à jeter, loin de là mais il est difficile de faire l’impasse sur le ridicule distillé ici et là. Pourtant, et au-delà de cet aspect négatif, la partie du film qui nous montre la reconstruction de Lau Ching-Wan et le retour de Leon Lai en grande pompe sont d’une force incroyable. Et rien que pour eux, ce film mérite d’être vu et apprécié, en partie.
(voir peloche et + :https://hongkongmovievideoclub.wordpress.com/2013/01/30/a-hero-never-dies-1998-johnnie-to-avis/)