Edward Zwick retrouve Denzel Washington pour un film de guerre mélangeant Rashomon.
Jugez plutôt ; un colonel mène une enquête pour savoir les circonstances dans lesquelles une femme officier est morte dans une opération militaire. Pour cela, il va interroger les membres survivants de l'équipe, chacun ayant son point de vue sur la question.
Pour commencer par ce qui est déplaisant, c'est le ton ô combien sirupeux de cette enquête ; entre Denzel qui fronce les sourcils, Denzel qui a vécu un trauma qu'on va nous rabâcher durant toute l'histoire (et qu'on voit en introduction), pour finir par un hommage dégoulinant à l'armée, on aurait pu sortir les violons pour louer les chants du corps de métier.
Ensuite, ce sont les acteurs qui sont, à une exception majeure, très mauvais. Meg Ryan, dans un contre-emploi total, a travaillé son look, cheveux roux, voix grave, elle a l'air ailleurs. Pour Denzel, j'en ai parlé, et Lou Diamond Philips, qui a pris du muscle, est également ridicule à force de montrer ses biceps et de hurler aux castings qu'il veut travailler.
Reste Matt Damon, dont ce fut le premier rôle important, et qui est très impressionnant ; il apparait à l'écran décharné (il a perdu près de 20 kgs pour le rôle alors qu'on ne le lui avait pas demandé !), et cette maigreur sert son personnage, car il apparait au fond traumatisé par l'assaut militaire qu'il a vécu. Sans en faire trop, et sans jamais qu'on parle de son physique (Christian Bale, si tu me lis...), il incarne en quelque sorte la pureté de l'histoire, celui en qui je crois.
Et ça tombe bien, ce rôle en or (qui est la seule raison pour laquelle j'ai continué à voir le film) a permis à Francis Ford Coppola et Steven Spielberg de l'embaucher pour, respectivement, L'idéaliste et Le soldat Ryan, et lui ouvrir la grand carrière qu'on sait.
Enfin, si la réalisation est solide, avec l'attaque vécue sous plusieurs angles, on notera à la bande originale que James Horner s'entrainait déjà à composer pour Titanic ; rien que la première scène est une future copie du moment où le bateau doit éviter l'iceberg. On disait d'Horner que son surnom était photocopieuse, mais là, c'est fou de s'autociter comme ça...
Pour le film en lui-même (au titre français ridicule ; je cherche encore le feu, même de manière métaphorique), ça n'a aucun intérêt, à part louer encore et toujours le travail des soldats américains...